de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
174 André Palluel-Guillard contre ces deux tendances inéluctables. Déjà en 1948, la commémo– ration du centenaire de la Révolution avait permis de retracer l'impor– tance fondamentale de ce virage du milieu du XIXc siècle et préparé ainsi les esprits à l' étude de cet événement inéluctable de 1860. Une telle thèse ne pouvait que satisfaire l'université française et les fetes du centenaire virent la victoire cles professeurs d'université, en effet elles permirent l'épanouissement de deux historiens, Jacques Lovie à Cham– béry et Paul Guichonnet à Annecy, qui avaient - au moins - en com– mun une formation universitarie française et jacobine. En effet jusqu'alors la province avait méconnu l'université, ses membres et ses recherches. N'ayant pas elle-meme d'université, elle envoyait ses étu– diants à Grenobles ou à Lyon où captés par le professionnalisme et le centralisme ils oubliaient ou tout au moins négligeaient leurs origines savoyardes; quand aux chercheurs, ils refusaient d'admettre l'origina- . lité savoyarde (ainsi le géographe grenoblois Blanchard niait la Savoie en ne reconnaissant que les limites du mouvement tertiaire alpin. Avec les nouveaux hisroriens universitaires - et surtout avec Paul Guichon– net aidé en cela par sa jeunesse et par ses liens avec l'Italie et avec la Suisse- on se rendit compte enfìn de l'intéret et de la nécessité cles regards systématiques vers les provinces étrangères voisines, alors que le jeune Jean Nicolas s'illustrait en montrant qu'un universitaire fran– çais pouvait se pencher avec autant d'amour que de profìt sur le passé savoyard... Tout ceci était évident depuis longtemps mais cependant il avait fallu attendre cette période décisive pour en voir la preuve et les réalisations concrètes. La route fin du xx c siècle accentua l'élargissement cles esprits et cles méthodes. On a enfìn découvert l'histoire quantitative d'autant plus nécessaire qu'après l'intéret pour les seuls notables, on se penche de plus en plus sur les masses populaires, la problématique ne cesse de faire découvrir de nouveaux thèmes de recherche en particulier sur les men– talités et l'umanité se fait sur les exigences méthodologiques de critique et de comparaison. Enfìn la fréquentation cles voisins suscite une méfìance instinctive vis-à-vis cles théories offìcielles ainsi il n'y a rien d'évident à trouver actuellement une Savoie française. D'un autre còté, le brassage démographique et social rend de plus en plus illusoire le sen– timent d'appartenance ou de fìliation à la patrie de nos pères et il n'est plus question de demander aux adhérents cles sociétés savantes la preuve
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