de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
Relations culturellesftanco-piémontaises 33 marquis de Fleury, "en divers états de l'Europe": perspective européenne que l'on retrouve également dans le Parlamento Ottaviano de Carlo Denina ainsi que dans les différents volumes de mélanges qui parais– saient à l'époque et dans lesquels on peut repérer cles contributions de savants comme Euler, Bernoulli, Laplace, Monge, Haller, Bonnet et d'écrivains de grand prestige comme d'Alembert ou Condorcet. Il est évident, sur cette base, que le but de l'Académie cles Sciences de Turin a été en premier lieu celui d'établir les plus féconds contacts interna– tionaux sur la base de la conviction qu'il existait, dans le continent euro– péen, une unité foncière, culturelle et scientifique. O n assiste ainsi (c'est toujours Ferrone qui l'écrit) au "continuo fluire di notizie, libri ed infor– mazioni verso Torino da ogni angolo d'Europà', à un contact qui expli– que aussi la collaboration de deux turinois, Angelo Saluzzo et Carlo Lodovico Morozzo, qui seront, respectivement en 1783 et en 1788, les deux premiers présidents de l'Académie, à l'édition de Livourne de l'En– cyclopédie de Diderot et d'Alembert. Nous comprenons, à la lumière de ce que je viens de dire, que Joseph de Maistre ait écrit en 1775 un Éloge de Victor-Amédée IIL due de Savoie, roi de Sardaigne qui n'a pas encore fait l' objet d'une étude approfondie et qui valorise les initiatives du roi en vue de l'acquisition d'une dimension internationale de la culture piémontaise. Nous comprenons également que Condorcet ait consi– déré en 1780 la "Società privata torinese" l'un cles exemples les meil– leurs de ce qu'il appelait la "nouvelle atlantide", ou que le "Journal de Physique" de l'abbé Rozier se soit proposé dès 1773 de fournir à ses lec– teurs un Tableau du travail annue! de toutes !es académies de l'Europe, ou que Saluzzo à son tour, dans le discours prononcé devant le roi de Suède Gustave III en 1784 à l'occasion de l'inauguration de l'Académie turi– noise, se soit référé aux idées de Condorcet et de ses amis parisiens sur la base de ce que Ferrone définit une "ostentata apertura filo-francese". Gian Francesco Galeani Napione écrira: "La società reale da cui ebbe poi origine e nacque l'accademia nostra, fu cosa affatto francese ... Se il successo di un'istituzione si misura dagli effetti, quello che ne risultò in parte dalla protezione del duca alla nuova società, fu che essa scrisse in lingua francese; copiò il suo sistema da quello dell'accademia fran– cese, insomma fu cosa tutta francese". Primauté française que Denina, par ailleurs, conteste sur la base de l'idée que le modèle culture! à l'épo– que ne vient plus de Paris mais de Londres: il écrit par exemple à John
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