de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
40 Lionello Sozzi Une autre présence intéressante est celle du philosophe Joseph– Marie Degérando. Né à Lyon, émigré en Suisse età Naples après les émeutes contre-révolutionnaires qui s'étaient produites dans sa ville natale, puis chargé, sous l'Empire, de nombreuses fonctions adminis– tratives, secrétaire d'un ministre de Napoléon, haut fonctionnaire en Lombardie, Toscane et Rome, membre du Conseil d'État, Degérando est célèbre surtout pour son ouvrage Des signes, paru en 1804, ouvrage qui suscita beaucoup d'intéret pour le rapport qu'il établit entre les signes, y compris les mots, le langage, et la pensée humaine: la pensée, bien sur, est à l'origine des méchanismes expressifs et des procédés sym– boliques, mais les mots et les symboles à leur tour agissent sur la réflexion. Tourefois c'est avant la date de cette publication que les confrères de Turin décidèrent d'inviter Degérando à faire partie de leur cénacle. Degérando non seulement répondit par une lettre chaleureuse que l'on retrouve dans nos Archives, mais participa personnellement, para'i:t-il, à l'une des séances en prononçant un discours qui parut, en 1803, dans les Mémoires de l'Académie. Plus tard, Degérando reste en contact avec l'Académie de Turin: en 1840, cinq ans avant sa mort, il envoie son dernier ouvrage, les quatre tomes de son essai De la bien– foisance publique. On trouve dans la lettre qui annonce cet envoi, parmi les formules de convenance et d'usage, l'allusion è ce qui unit les savants des deux pays, le "zèle ardent et pur pour le progrès des connais– sances humaines", formule qui nous ramène aux convictions d'une époque qui avait vu paraitre, en 1794, l'Esquisse d'un tableau histori– que des progrès de l'esprit humain de Condorcet. Quant au mémoire, il concerne L'injluence de l'esprit de méditation sur les lettres: on y trouve les arguments que Saluzzo avait développés dans son discours d'ouver– ture: d'un còté l'éloge de ce que Degérando appelle "l'empire des lumières", empire qui est à son avis "à jamais établi sur la terre", l'éloge aussi du "zéle sublime pour le progrès et la propagation des connais– sances humaines", de l'autre l'image, désormais si répandue comme on l'a déjà dit, du sanctuaire intérieur (''ce sanctuaire, où le génie en silence prépare, dispose, élabore ces pensers augustes qui, se décou– vrant ensuite aux regards des hommes, conquièrent leur admiration et leur respect et leur apparaissent comme des émanations de la Divinité meme"). Il insiste, notre auteur, sur le caractère "grave et sérieux" de toute production intellectuelle, conviction qui le porte à se méfìer de
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