de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
L'Académie Saint-Anselme au printemps de ses 150 ans 83 der de tout fourvoiement en la matière. A nous cependant le devoir, dénoué de tout esprit étriqué d'intégrisme, d'ceuvrer en harmonie avec les principes du catholicisme. Mais il reste un troisième domaine sur lequel, à mon avis, l'Aca– démie doit aujourd'hui engager ses forces et ses effectifs en continuant sur sa lancée et en l' accélérant meme. C'est le domaine de la promo– tion de la langue française, notre langue historique, le fondement de notre identité de peuple. J' emploie expressément le mot promotion car défense me para1t un mot qui rappelle trop la passivité, tandis qu'il ne s'agit pas tellement de protéger les bastions, mais plutot de travailler à l'épanouissement d'une langue dont l'emploi ne pourra que profiter à tous les habitants de la Vallée. De prime abord le français parait aujourd'hui en Vallée d'Aoste généralement et suffisamment répandu, mais en réalité il périclite. Un coup d' ceil plus pénétrant nous révèle tout de suite qu'il ne s'agit que d'une couche superficielle, que sa qua– lité est médiocre et que son usage est cantonné dans cles secteurs trop réduits. Trop souvent il fait figure de costume de cérémonie sorti de temps en temps et puant la naphtaline. Lenvironnement linguistique lui est défavorable et l'école, malgré ses efforts et le remarquable tra– vai! qu'elle accomplit, n'arrive pas à le désenclaver. Je me bornerai ici, pour terminer et en laissant de coté pour cles raisons de brièveté les idiomes d'ascendance allemande de la Vallée du Lys, à inviter les Val– dotains à ne pas tomber dans le piège que leur tendent les partisans de la théorie opposant le patois au français, le premier étant présenté comme la véritable langue cles Valdotains. Une telle opposition a été toujours niée dans les faits par l'Académie qui, à commencer par Cer– logne, a toujours accueilli en son sein les poètes et les écrivains patoi– sants. Le français et le patois sont en effet appelés à se secourir mutuel– lement. D'autant plus que dans l'usage courant meme le patois ne se porte pas trop bien. Dans la bouche de trop de locuteurs les italianis– mes qui le farcissent sont plus nombreux que les variétés de sauces dans la viande hachée de certains sandwichs de paninoteca ou de fast food. Seulle français peut nourrir le patois et le faire évoluer en le préser– vant de l'abatardissement. Tous les habitants de la Vallée se perçoivent désormais comme une communauté particulière, mais ils ont du mal à saisir les fondements et le contenu de ce particularisme, écartelés qu'ils sont entre ouverture à l'Europe, mondialisation et quete identi-
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