de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

La musique sacrée à Aoste à l'époque de M gr Bailly 183 Au début de l'épiscopat de Mgr Bailly la physionomie musicale des fonctions et des cérémonies liturgiques nous apparait assez claire: d'un còté le plain-chant de source grégorienne, adopté par les chanoines, dont l'Offìce était entièrement chanté, et employé pour l'intonation de quelques parties de l'Ordinarium et du Proprium missae; de l'autre còté, les motets, les hymnes, les psaumes, les répons et beaucoup d'au– tres pièces de polyphonie vocale et instrumentale, qui engageaient fort longtemps le chceur, et l'orgue. A ces deux répertoires il faut ajouter un autre élément essentiel: le faux-bourdon, sorte de polyphonie improvisée, de source populaire, chantée sur une basse grégorienne à l'orgue, qui a caractérisé le long des siècles, la musique liturgique val– dòtaine, alimentant, à còté des genres "plus nobles", plusieurs polémi– ques au XVIIIe et XIXc siècles. 17 17 Certe pratique musicale, par son importance au point de vue musicologique, méri– te quelques précisations ultérieures. Utilisé pour le chant cles psaumes et de quelques hymnes et camiques, le Faux-bourdon se basait sur une technique d'improvisation orale suivant cles schémas fixes (tons du faux-bourdon). La basse, représentée parla monodie grégorienne, était généralement jouée à l'orgue, ou bien elle était chantée dans une sorte de tuyau de tole, dénommé "tiibo" ou "faux-bourdon". Le documem historique le plus ancien parvenu jusqu'à nous est une série de Notes du chanoine Philibertjacod sacristain de la Cathédrale, du 29 juin 1668 au 16Jévrier 1672 (P.-E. Due, Le culte de Saint-Grat, II, s.d., pp. 16-17) où le Faux-bourdon est mentionné à coté du plain-cham et de la poly– phonie: «après la ditte Messe on a chanté le Miserere en faux-bourdon alternativemem au chceur et aux orgues, et puis !es oraisons (pro pluvia habenda) et à la fin le Tantum ergo. O n a aussi chanté l'Exaudiat de mesme façon que le Miserere pour la santé de leurs A.A.R.R.». Diffusé dans le diocèse emier, le faux-bourdon est documemé au XVIII< siè– cle par plusieurs chroniques liturgiques (v. note 6). Au XIX< siècle certe pratique est éga– lement préseme à la Cathédrale d'Aoste aussi, où une maitrise sera réorganisée après la suppression en 1802 de l'institution cles lnnocems. Un document inédit de 1813 nous témoigne néanmoins de la tentative de limiter le cham en faux-bourdon, jugé <<mono– tone>> et <<d'autant plus que l'usage n'en est connu et adopté nulle part, qu'en cette seule province(...)», en faveur du plain-chant (AC, CT COVA 01 L 02 D_24-25). Cette cita– tion nous révèle bien la spécificité de cetre pratique, qui doit nécessairemem erre enca– drée dans l'ensemble cles traditions populaires cles régions de l'are alpin, pour etre saisie complètement au point de vue ethno-musical. Le parcours historique du Faux-bourdon ne connaitra tout de meme pas d'arret significatif jusqu'au début du XIX< siècle, suite à l'encyclique "Motu proprio" de Pie IX (22/11/1903) où l'on confirme le role essemiel du plain-cham au sein de la musique lirurgique. En Vallée d'Aoste la perception de ce retour à la monodie grégorienne, en tant

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