de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
Un fonctionnaire bilingue de l'administration savoyarde 237 Albert Bailly donne cette information à la duchesse Christine avec l'empressement du pasteur qui n'a aucune emprise sur la brebis égarée et le ton employé ne semble suggérer qu'une intention charitable. Ce qui sans doute correspondait véritablement à ses intentions. Mais, au fait, comment étaient les rapports entre l'éveque et le vice-bailli? A vouloir considérer le témoignage de leurs correspondances, on dirait qu'ils eurent un rapport au moins conflictuel. Ce qui franche– ment pourrait paraitre bizarre, car, du moins en apparence, les deux personnages possédaient des qualités et des inclinations semblables. Victor-Amédée devait sa charge à la fìdélité et au dévouement que tous les membres de sa famille, à partir de san père, réservaient à la maison de Savoie. 31 De meme, Monseigneur Bailly jouissait de sa mitre et de san crédit en vertu de la loyauté sans faille qu'il vouait depuis long– temps à Christine de France. I..: un était le frère du puissant marquis de Saint-Thomas, l'autre était lié à ce meme marquis d'une amitié plus que vicennale. Il est vrai que le vice-bailli ne possédait guère la diplo– matie ni la capacité de se faire apprécier du prélat, doué au contraire de« grande prudenza, e destrezza », 32 mais puisque leur objectif était 31 La famille Carron ne tomba jamais en discrédit auprès des Ducs de Savoie, contrai– rement au sort d'aurres nobles influents, d'abord élevés à des charges prestigieuses et après discrédités à cause de leur honneur sali. Il est vrai que !es Carron durent abandonner leurs offices de gouvernement, au début du XVIII' siècle, mais ils obtinrent en contre– parrie des privilèges à haute visibilité sociale. A mon avis, !es termes que le due Victor– Amédée II emploie dans le document assignant une pension au chevalier Carron de Saint– Thomas, fìls du marquis de Saint-Thomas, témoignent de la considération dont lepre– mier secrétaire d'Etat et sa famille jouissaient à l'époque : << ••• Sono si grandi i meriti del Marchese di San Tommaso n[ost]ro Ministro, e Primo Segretaro di Stato, acquistatisi nei serviggij resi alla Corona, che gionsi a quelli del di lui Padre, et Avo, i quali hanno tanto degnamente occupato d[ett]o posto per il spacio puoco meno d'un secolo con incorrotta fede, e soddisfazione non ordinaria de n[ost]ri Reali predecessori ... ci obligano in un caso così particolare, e tanto lontano da gli esempij, che possino indur conseguenze di attestargli il nostro singolar gradimento. E perciò v'ordiniamo [à l'administrateur de la trésorerie générale] ... [di] pagare, assignare o far pagare al Cavag' Giuseppe Gioachino Carron secondogenito d'esso Marchese la somma di livre trè milla d'argento, che noi gli stabiliamo in pensione annua sua vita natura! durante>> (cf. A.S.T., Sezioni Riunite, PCF, registre 18, 1680 in 1681, f" 118r, !eme patente datée de Turin, le 20 novembre 1680). 32 Ce sont !es termes que Victor-Amédée utilise pour Bailly, dans sa lettre envoyée à Son Altesse Royale le 8 avril1659 (A.S.T., Corte, Lettere di Particolari, C, m. 33, fase. cité).
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