de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

L'orthographe au féminin 257 A peu prés à la meme époque Christine de France écrit au due Charles-Emmanuel, son beau-père : 8 <<Monsieur, je m'asure que Vostre Altesse aura agreable que je me serve de l'oca– tion de [M]sieur de Sarcenasque pour me ramendevoir à elle et pour l'asuré ausy de l'afection avec laquelle je desire tous les jours l'hon– neur de ses commendements. Je supeliray par tour Vostre Altesse de vouloir croyre que je reseveray à particulier faveur quand je m'en pouray rendre digne et de la continuation des bonnes graces de Vos– tre Altese de la quelle je me dis Monsieur mon cher pere Vostre tres humble et tres affectionnée fìlle et servante Chrestienne». Notre épistolière oublie souvent de noter les consonnes géminées: je m'asure, ausy, ajèction ; il en est de meme pour le r de l'infìnitif: gueri dans la lettre précédente et asuré ici. 9 Dans ocation, elle transcrit la fricative sonore [z] parla séquence ti, normalement utilisée pour représenter la sourde correspondante. Dans je supeliray, c'est la prononciation qui la conduit à introduire un e après la labiale sourde. Je eire encore quelques extraits tirés d'une lettre plus récente: c'est en tant que Madame Royale que Christine de France écrit au Cardi– nal Maurice. Toutes les lettres adressées à son beau-frère sont auto– graphes. Dans cetre missive, qui remonte au mois de mars 1637, juste quelques mois avant la mort du due son mari, nous repérons deux exemples de réduction de la graphie au au simple o : vous orés, je ne sorozs. 8 AST, Corte, Lettere duchi e sovrani, m. 58, fase. 7, n° 305. 9 Ce qui aurait frappé !es rédacteurs du Dictionnaire de l'Académie, qui dans la Pré– face à la première édition déclarèrent que la maxime selon laquelle << l'Escriture represen– te la Prononciation [.. .] n'est pas absolument veritable; car si elle avoit lieu, il faudroit retrancher l'R finale des verbes Aymer, Ceder, Partir, Sortir, & autres de pareille nature dans !es occasions où on ne !es prononce pas, quoy qu'on ne laisse pas de !es escrire ». Cf. Les Préfoces du Dictionnaire de l'Académiefrançaise (1694-1992) , Texte, introduction et notes sous la direction de Bernard Quemada, Paris, Champion, 1997.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=