de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

L'orthographe au féminin 263 demandé d'où venet le chagrin de Monsieur l'ampassadeur, que je l'avés trouvé for triste. Il me respondit nayvement: "Ma bonne mere, en confìence je vous assure que ce bon seigneur a un coup de massue sur la teste, car il voit bien qu'il ne peut rien atendre du mariage du roy de France avec son Infante et que tout va et ce porte absolument pour la Savoye". A ce mot jugés, mon tres cher pere, de ma joye puis– que je ne me soucie de vivre que pour voir cette benediction à la France pour la quelle nous prions sans cesse nuit et jour [... ] >>. Elle ne distingue presque nulle part les désinences verbales, soient– elles du passé composé : je remarqué, de l'imparfait : je demandé d'où venet le chagrin, je tavés, ou du futur : je ne perdré, je pouré. Je termine par une missive 19 qui rend compte des mécanismes par lesquels les requetes passaient d'une bouche et d'une plume à l'autre avant de parvenir à la duchesse de Savoie par l'entremise du père Bailly. Lorthographe de Madame de Lamoignon, femme du premier prési– dent du Parlement de Paris, se signale par la graphie des mots reve– rensse, obeisentte et serventte, où le redoublement des consonnes ne trouve de justification que dans l'empressement de la dame qui écrit. * * * Ce bref aperçu nous permet d'aboutir à la mise en évidence de cer– tains traits de l' orthographe de ces dames grace à la confrontation de pages de mains très différentes, de personnes plus ou moins cultivées et plus ou moins habituées à écrire : Christine de France a écrit cles centaines de lettres, ce qui ne lui a évité ni les pièges ni les hésitations de ses contemporaines. Nos épistolières ignorent la distinction « ramiste » entre voyelles et consonnes, pourtant pratiquée au moins à l'initiale par quelques épistolières. 20 I.:hésitation, caractère attesté 19 Cf. ibidem, lettre AM/3, p. 263-264, rrancription complète de la lettre. 20 Voir par exemple !es letrres de Madame de Brisacier que nous avons transcrites dans notre Mémoire de mairrise ( Transcription commentée des lettres inédites des membres de la fomille de Brisacier à la Cour de Turin, Université de Turin, 1998/99). Pour une attestation de cette distinction de la part des imprimeurs aussi, cf. NINA CATACH, L'or– thographefrançaise à l'époque de la Renaissance, Genève, Droz, 1968, p. 312 et suivantes.

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