de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
266 Antonella Amatuzzi une autre acception, servant à désigner « la description qui se fait par le discours ou par écrit d'une personne » 4 età etre donc employé dans le domaine de la littérature. 5 D'abord inséré dans des ceuvres dramatiques ou hagiographiques, dans les mémoires ou les romans, 6 il trouve son apogée avec l'émer– gence de l'esprit précieux.? Le portrait littéraire devient alors un genre mondain en vogue au sein de la haute société parisienne. 8 En 1659 paraissent deux recueils de portraits qui eurent un succès considérable. Le premier, portant le 4 ANTOINE FURETIÈRE, Dictionnaire universel contenant generalement tous les mots françois, tant vieux que modernes... , La Haye-Rotterdam, Arnout et Reinier Leers, 1690, 3 vol., t. III, s.v. portrait. 5 Le défìnition que donne Pierre Richelet dans Les plus belles lettresfrançoises sur tou– tes sortes de sujets tirées des meilleurs auteurs, Paris, Brunet, 1698, 2 vol., t. I, pp. 187-188, plus atticulée, souligne les liens de dépendance existant entre le pottrait écrit et le por– trait peint: «Le portrait est une description grave, enjouée ou satirique de quelque per– sonne. Il a pour matiere le corps, l'esprit, les verrus ou les vices. Son caractére est fleuri et nature!. O n fait le porrrait en vers, ou en prose; ou bien en vers et en prose tour ensem– ble. Les choses s'y rournent d'une maniere à inspirer de l'estime, de l'amour, ou de la haine: et l'on travaille à y marquer naturellemenr l'air, le visage, les mceurs et les inclina– tions des gens. L: une de ses plus sensibles beaurez consiste en cela. Il ne faut pouttant pas peindre si fon d'aprés-narure, qu'on n'aille un peu au delà; mais sans choquer la vrai– semblance. Les grands peintres le pratiquent de la sorte; et on doit les imiter ». 6 Nous pensons, entre autres, aux portraits écrits par Mademoiselle de Scudéry dans le Grand Cyrus, par Bussy Rabutin dans l' Histoire amoureuse des Gaules, par le cardinal de Rerz ou le due de Sainr-Simon dans leurs Mémoires mais également, dans un conrexte proche de celui où opéra Bailly, à ceux que les ambassadeurs de la république de Venise traçaient des personnages les plus impottants de la cour auprès de laquelle ils étaienr accrédités (cf. Le relazioni degli ambasciatori veneti al Senato, raccolte, annotate ed edite da Eugenio Alberi, Firenze, Società editrice fiorentina, 1853-1863, 8 vol.) 7 À partir des années 1660- 1670 le portrait se rapprochera de plus en plus de la dis– sertation morale, évoluant ainsi vers le genre du caractère, dans lequel s'est illustré notam– menr Jean de La Bruyère. 8 Sur ce mode d'écrirure cf. Le portrait littéraire, sous la direction de Kazimierz Kupisz, Gabriel-André Pérouse, Jean-Yves Debreuille, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1988; GISELA RUTH KOHLER, Das literarische Portriit, Eine Untersuchung surgeschlos– senen Personen darstellung in derfranzosichen Erziihlliteratur vom Mittelalter bis zum Ende des 18jahrhunderts, Bonn, Romanistichen Verlag, 1991, ]ACQUEUNE PLANTIÉ, La mode du portrait littéraire en France (l 641-1681), Paris, Champion, 1994 ; ]EAN-PHILIPPE MIRAUX, Le portrait littéraire, Paris, Hachette, 2003.
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