de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
"Un evesque qui s'amuse à foire la cour aux Muses" 275 vent réticent à révéler qu'il est l'aureur des portraits qu'il envoie à la cour et il trouve des escamotages pour se cacher. Dans une lettre du mois d'octobre 1665, en se félicitant avec la deuxième Madame Royale pour sa grossesse, il ne résiste pas à la ten– tation de dresser un portrait du futur souverain mais il l'attribue à un druide. «]e prie Dieu, Madame, qu'il veuille, parsa sainte grace, benir la royale mere et le royal enfant; qu'il vous meine, Madame, parla main, au terme; qu'il accompagne et protege tous vos pas et qu'enfìn, il verif– fìe un jour ce qu'un druide a dit dans nos bois de ce roy furur. 29 Il aura le cceur de son pere, Sa conduite, et son equité. Et l'incomparable beauté De son incomparable mere. Par sa valeur, il domptera; Par ses beautés, il charmera; Il regnera parsa justice; Et sa prudence creusera À l'Ottoman un precipice Où son bras l' ensevelira». 30 Il arrive diffìcilement à retenir cette fureur d'écrire et en 1675 il ose trop. À seulement quelques mois de la mort du due Charles– Emmanuel Il, survenue le 12 juin, il adresse à sa veuve un "portrait en grand" qui accentue délibérément les qualités de la duchesse. 29 Bailly prophétise à l'enfam qui va naitre un avenir de roi. En effet Victor-Amé– dée Il, dont il est question ici, qui sera le premier roi de la maison de Savoie. 30 A.S.T., Corte, Lettere Vescovi, liasse 20, fase. 7, lettre 39, s.I., s.d. [Aoste, octobre 1665]. Bailly semble ici prévoir le futur. En effet en 1717 Eugène-François de Savoie– Carignan (Paris, 1663- Vienne, 1736), cousin de Victor-Amédée II (il était le fìls de Thomas de Carignan et de Marie de Bourbon-Soissons), au commandement de l'armée des Habsbourg, fut le protagoniste de la conquere de Belgrad, qui marqua la fin de l'ex– pansionnisme turc en Occidem.
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