de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
284 Antonella Amatuzzi taposer cles notions apparemment en centraste, en donnant ainsi un cadre complet et nuancé de la personnalité de la duchesse, transfor– mant ceux qui pourraient paraitre cles défauts en vertus. Par la présence de trois phrases hypothétiques Bailly pousse encore plus loin sa description de Marie-Jeanne-Baptiste: il en imagine les réactions ou les attitudes éventuelles ('elle en feroit [de beaux vers] si elle vouloit en prendre la peine'). Dans la troisième partie, elle aussi structurée autour de cinq pério– des hypothétiques, contrairement à ce que l'on pourrait s'attendre, Bailly n'a pas recours à un vocabulaire religieux ou liturgique pour van– ter les mérites de sa souveraine. Aucune référence n'est faite à la dévo– tion de la duchesse. Il glisse par contre une allusion mythologique aux Amazones et se sert en prééminence du champ sémantique de la guerre. Parmi d'autres clichés, il faut remarquer l'expression 'je ne sais quoi', surutilisée par les auteurs de portraits littéraires pour manifester l'inca– pacité de défìnir précisément le charme ineffable de l' etre décrit. Un portrait de la jeune duchesse de Nemours est contenu dans le Recueil des Portraits de 1659. Il serait l'reuvre du due de Bouillon. 46 Nous en reproduisons un passage centrai pour le confronter avec celui de Bailly: <<Sylvie, suivant l'ordre de la Nature, tiendra la première place. Elle a le front un peu relevé, les yeux bleus, doux et brillans, le nez d'une forme agréable, la bouche belle, les lèvres vermeilles, les dents blan– ches et bien rangées, quantité de cheveux blonds, la gorge bianche, pleine et bien taillée, les mains belles, la taille aisée, l'air bon, le pro– cedé galant et l'humeur agréable. Elle est gaye et serieuse quand il le faut; elle n'est jamais à contretemps, chante bien, joue du Luth, danse admirablement, pense finement, parle juste, marche et fait tout de si bonne gràce que l'on reconnoist dans toutes ses actions cet agré– ment inséparable de feu Monsieur son Père. Mais si les Amours bril– lent dans ses yeux, si les Ris égayent tous les traits de son visage, si 46 Godefroy-Maurice de La Tour, due de Bouillon et due d'Albret (1641-1721), pair de France et grand-chambellan de France. Il épousa en 1662 Marie-Anne Mancini, nièce du Cardinal Mazarin.
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