de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

288 Antonella Arnaruzzi Bailly conserve les attributs iconographiques distinctifs de cette déesse, c'est à dire le casque et les armes, mais illes transpose dans le contexte social de la cour. Elle porte en réalité un couvre-chef orné de plumes, elle est habillée non pas avec la tunique traditionnelle mais avec une élégante robe plissée et un collier de perles; elle ne porte pas de bouclier et de lance mais simplement un are avec une flèche, dans une attitude proche de celle d'un Amour. C'est d' ailleurs autour de ce détail, le dard, et à l'aide eneore une fois de nombreuses références mythologiques, que Bailly développe le sonnet qui accompagne le portrait, dans lequel Pallas, qui s'exprime à la première personne, lance son dard pénétrant pour charmer le dieu Mars et triompher sur Venus. Bailly ajoute enfìn un court madrigal, genre typiquement mon– dain, employé dans les relations sociales pour véhiculer des compli– ments galants et des dons 51 pour transmettre son hommage à la duchesse, sans se priver d' en louer les vertus. Les portraits de Bailly ne peuvent pas ètre mis en rapport, pour ce qui est de leur valeur artistique, avec ceux que les peintres offìciels de car elle avait été définie par l'historiographe Valeriano Castiglione "Pallade alpina" (Le pompe torinesi nel ritorno del'Altezza Reale di Carlo Emanuele II duca di Savoia, Torino, Giacomo Rustis, 1645, p. 5). Depuis la construction de la résidence de Venaria Reale, lieu de plaisir enrouré d'un pare consacré au divertissement de la chasse, l'image de Marie– Jeanne-Baptiste, était plut6t associée à la déesse Diane. Le choix de Bailly de peindre la deuxième Madame Royale en Pallas trahirait-ill'intime affection qui l'avait lié à Marie– Christine? De célèbres peinrres français (Philiberr Torret, Laurenr Dufour, Charles Dauphin) travaillaient à la cour de Turin à l'époque de Bailly, carla régence de Christine de France y consolida l'influence de la culture transalpine. Sur leur production arristique cf. le cata– logue de l'exposition organisée à Turin du 27 mai au 24 septembre 1989 Diana trionfa– trice. Arte di corte nel Piemonte del Seicento, a cura di MICHELA DI MAcco e GIOVANNI ROMANO, Torino, Umberto Allemandi, 1989, qui contiene, entre aurres, une fiche concer– nant le "Ritratto equestre di Cristina di Francia in veste di Minerva" conservé au cha– teau de Racconigi, et remonranr à 1663, (fiche 25, pp. 24) et une autre concernant la sculprure en marbre blanc due' à Bernardo Falconi "Maria Giovanna Battista in sem– bianze di Diana" de 1669 (fiche 30, pp. 28-29. Pour une liste complète des porrraits gra– vés ou lithographiés de la deuxième Madame Royale, cf. ALESSANDRO BAUDI DI VESME, Catalogo della pinacoteca di Torino, Torino, Tipografia V. Bona, 1899, pp. 22-23. 51 Cf., sur la fonction qu'avait le madrigal: ALAIN GENETIOT, Les genres lyriques mon– dains, (1630-1660), Genève, Droz, 1990, pp. 60.

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