de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
"Un evesque qui s'amuse à foire la cour aux Muses" 293 Bailly peut erre réputé un précurseur car, dans le duché de Savoie, la reproduction de Turin deviendra un élément qui connotera Victor– Amédée II, 5 6 lequel confiera à l'architecte Jacopo Juvarra la réorgani– sation urbaine et architecturale de la ville qui, camme nous le rappelle notre éveque, avait été promue par son père Charles-Emmanuel II. En étudiant la correspondance de Bailly nous avons été favorable– ment étonnés de constater que notre éveque, notre inépuisable épis– tolier, s'est approprié de toutes les potentialités expressives du genre du portrait et l'a pratiqué avec originalité. Ses portraits littéraires n'ont pas le caractère incisif et le mordant que possèdent certains portraits bien connus dont les auteurs sont cles mémorialistes ou cles écrivains célèbres; ses dessins ne sont que cles ébauches si on les rapproche cles tableaux cles ducs en question que les peintres officiels de la Maison de Savoie nous ont légués. Ils constituent néanmoins un témoignage précieux sous plusieurs points de vue. D'une part ils montrent que Bailly connaissait et s'est parfaitement conformé aux conventions sociales du xvne siècle où plaire et flatter étaient les deux notions qui régissaient les presque tota– lité cles relations avec les détenteurs du pouvoir. La complaisance avec laquelle il s'adresse aux ducs ne doit donc pas etre considérée excessive. En deuxième lieu nous avons la preuve de l'existence au XVlJème siècle d'une effective interdisciplinarité et d'une profonde interrelation entre les différentes formes d'art qui ignare le découpage moderne cles savoirs et à laquelle Bailly n'a pas été insensible. Enfin, sur un plan plus intime et personnel, ils font ressortir la per– sonnalité et le style de Bailly. Il apparalt camme un sujet fidèle, dési– reux de manifester son attachement et d'exalter ses souverains de manière somme tout sincère, meme s'il se laisse parfois aller aux excès de la rhétorique et concilie difficilement son ròle d'éveque avec sa pas– sion intarissable pour l'écriture et pour la peinture. villes cf. CLAUDE LOUPIAC, La ville entre représentations et réalités, Paris, CNDP (Collec– tion Patrimoine l Références), 2005. 56 Sur l'iconographie concernant Viccor-Amédée II cf. MARIA LUISA TIBONE, Ritratti per un re. Vittorio Amedeo II dalla storia all'immagine, Torino, Regione Piemonte, 1991 et notamment, pour la présence constante de la ville de Turin, p. 8.
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