de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
Les panégyriques fonèbres de Mgr Albert Bailfy 301 N otre propos n'est pas ici de retracer l'histoire du genre, 28 nous retiendrons seulement que jusques au milieu du XVIe siècle, l'oraison funèbre ne s'est pas encore constituée en tant que genre littéraire. 29 Par contre, au XVIIc siècle elle a acquis un véritable statut d' élo– quence rhétorique 30 . Cet "éloge solenne! prononcé dans un lieu saint aux funérailles d'un personnage illustre ou lors d'un service d'anniver– saire",31s'inscrivait dans le cadre de la rhétorique cles obsèques, et étant morale ne doir pas erre un panégyrique, un panégyrique doir erre différenr d'un discours de morale, et une oraison funèbre ne doir ressembler ni à l'un ni à l'autre>>. Cf. A. Du ]ARRY, Dissertation sur les oraisom fonèbres, 1706, p. 382. Cene étude fìt son apparirion seulemenr dans la troisième édirion du recueil de Pierre Orrigue de VAUMORIÈRE, Haran– gues sur toutes sortes de sujets, avec l'art de les composer, Paris, chez Miche! Guignard et Claude Robuste!, 1713, Y"" édirion commenrée, aux pages 365-389. 28 Nous rappelons que chez les Romains et les Grecs, l'éloge funèbre eur une relle imporrance, que ce discours d'apparar fur considéré une véritable pièce d'éloquence. Le geme romba ensuite dans l'oubli, et ce ne fur qu'en 1550 avec l'éloge funèbre de Mar– guerite de Navarre par Charles de Sainre-Marrhe, son conseiller, que l'oraison funèbre devinr un rire obligé des funérailles solennelles, meme si les rons demeuraienr rrop élo– gieux. Cerres elle resta l'un des instrumenrs fondamenraux de défense de I'Église à l'épo– que de la Conrre-Réforme, mais ce ne fut qu'à partir de 1610, année de l'assassinar du roi de France Henri IV, que le panégyrique dans le sens d'oraison funèbre, arreinr sa per– fecrion en ardeur et en éloquence, meme s'il faudra encore arrendre le génie de Bossuer, Bourdaloue et Fléchier pour voir les inconrestables chef-d'oeuvres du genre, après la morr desquels l'oraison funèbre tend à disparaitre. Pour un aperçu hisrorique du panégyrique nous renvoyons au Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de la liturgie, publié par le R m< dom F. CABROL et le R. P. dom H. LECLERCQ, Paris, Lerouzey et Ané, 1925, 15 vols, r. XIII, Première parrie, pp. 1015-1045. 29 A ce sujet nous renvoyons à l'étude magistrale de V. L. SAULNIER, L'oraison fonè– bre au XVI' siècle, dans «Bibliorhèque d'Humanisme et Renaissance», Genève, Droz, 1948, r. X, pp. 124-157. 30 C'est avec la morr d'Henri IV et celle de Louis XIII que l'oraison funèbre se déve– loppe pour aboutir à son épanouissemenr compierà l'époque classique. Cf. J. HENNE– QUIN, Henri IVdans ses oraisonsfonèbres ou la naissance d'une légende, Paris, Klincksieck, 1977; Io., Les Oraisom fonèbres d'Henri IV: les thèmes et la rhétorique, Service de repro– duction des thèses, Université de Lille III, 1978, 2 vols.; M .J. STEINER, Les oraisonsfonè– bres de Louis XIII: étude des thèmes religieux et moraux, Metz, 1980, 2 vols.; J. HENNE– QUIN, L'image du prince dam les oraisons fonèbres de Louis XII, dans L'image du souverain dans les Lettres françaises. Des guerres de religion à la révocation de l'Édit de Nantes, Actes du colloque de Srrasbourg 25-27 mai 1983 sous le patronage de la Société d'Érude du XVII' siècle, Paris, Klincksieck, 1985, pp. 41-55. 31 R. P. J. RAMBAUD, Traité moderne de la prédication, Lyon-Paris, Éditions E. Virre, 1941, p. 74.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=