de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

306 Stefania Vignali ment reportée sur l'idée centrale du discours, exprimée par le texte. Cette répétition non seulement aide l'orateur dans son exposition, mais elle est aussi le moyen centrai qui permet de créer le mouvement de pathétique requis par le genre, sur lequel on reviendra plus tard. Lexorde poursuit le "texte" dans le but de capturer l'attention et la bienveillance de l'auditoire. Par exemple, dans le proème du Panégy– rique de Christine de France, Bailly demande directement secours à ses auditeurs par ces mots: «Et pour vous faire tomber d'accord avec moy, qu'il n'et rien au monde de plus aimable, que ce qui nous fait aimer. Sans plus sus– pendre vos esprits, j'expose d'abord ce divin objet à vos yeux, et vous fais voir tout d'un coup la grande et incomparable CHRISTINE. [...] Mais je vous produis CHRISTINE de France, c'est à dire une Princesse. Aydés-moy mon ca:ur à le dire. J'ay besoin de tout le fond de vos ardeurs pour m'enoncer fortement. Non, vòtre secours seroit suspect. Abandonnés-moy dans ce moment, et faites place à ma rai– son, c'est d'elle que j'attens assistance, et c'est à elle que la grande CHRISTINE demande justice». Non seulement Bailly cherche à capturer la sympathie cles présents par ces mots, mais il arrive jusqu'à faire appel directement à Dieu: <<Lumiere [sic] de mon ame eclairés-moy, faites-moy prononcer digne– ment l'doge que je vais faire à ma Princesse! Je me retracte encore, vous estes trop faible pour un si grand dessein. Certe louange doit estre plus un effort qu'un effet de l'eloquence. Oieu seulement peut me le faire produire, et il m'assiste en ce besoin>>, tout ceci afin de fai re naitre l' émotion dans son public, d' établir un contrat de confiance n'oubliant jamais le lieu dans lequelle discours est prononcé et le but pour lequel il a été écrit. Après avoir déploré la perte du défunt et donné l'espoir d'une vie éternelle, la narration nous présente une sorte de portrait du person– nage. Parmi les différentes sortes de plans proposés par les traités de l'époque (plans pédagogiques, doctrinaux, symboliques, chronologi– ques), Bailly choisit le pian qui est utilisé le plus souvent et qui consiste à proposer une énumération pure et simple cles vertus cles rois, suivant un ordre croissant jusqu'à la description de la vertu majeure. Ainsi la