de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

Les panégyriques fonèbres de M gr Albert Bailly 307 charité et la libéralité ont rendu Françoise d'Orléans une "sainte et par– faite Princesse", et sa belle-mère Christine a fait de la foi son enseigne : «On peut clone dire que M.R. fut embrasée de cette divine charité, puisque ses yeux estoient continuellement mouillés de larmes aux pieds cles autels, et qu'on ne pouvoit luy parler cles choses du ciel, qu'elle ne versat incontinent cles pleurs». Toutefois il arrive aussi que Bailly se dresse presque en historien, se rattachant beaucoup plus à la réalité; par exemple Charles-Emma– nuel II est rapproché de l'homme commun, et Bailly nous le montre inquiet du sort de son pays: <<]e commence par le soin politique qu'il a eu de son Estat. Ce soin s'appelle aussi universel, parce qu'il n'est propre qu'aux souverains que Dieu a preposés à la conduitte, et au supreme gouvernement d'un Estat. Et ces souverains doivent trois choses à leurs peuples, qui sont, la justice, l'abondance, et la tranquillité, et Charles Emanuel nostre Prince s'est signalé en toutes trois. Et premierement dans les prattiques exactes de la justice dont je parle, qui a pour fin de punir les meschants, et de recompenser les bons. Et Charles Emanuel a fait l'un, et l'autre. Et pour commencer par cette partie de justice, qui vange, et punit les crimes, nous sçavons qu'il a fait immoler de super– bes criminels à la conservation, et au salur cles innocents». Dans son souci de vraisemblance (l'une des trois règles imposées par le Classicisme français) notre panégyriste nous le montre encore en tant que père soucieux de l'avenir de son fils: <<Il demande, et reçoit tous les sacrements de l'Eglise, appelle le prince son fìls, luy donne sa benediction, luy recommande de faire justice, d'obeir à M.R. sa mere, et d'avoir une parfaite pieté; après cela il ne voulut plus parler, ni ouir parler que de Diew>. 43 43 A. BAILLY, Panégyriquefunèbre de Charles-Emmanuel !!.. ., ci t. , p. 18.