de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

308 Stefania Vignali Enfin, dans la péroraison, Bailly tire ses conclusions et propose l'imitation de ces modèles de vertu, camme c'est le cas de la partie conclusive de l'oraison de Christine de France: <<Ames Chrètiennes, je vous ay presenté ce grand portrait afìn que vous l'ayez toujours devant les yeux en la conduite de vòtre vie, et que vous vous formiez sur cette belle image que le ciel vous a donné pour vous servir de modele, et non pas pour estre le vain sujet de vos admirations. [...] Marchez clone mes enfans sur ses pas, ouvrez vous genereusement le chemin du ciel, de la mesme façon qu'elle se l'est ouvert à elle-mesme par les saints exercices de la Charité, et de la Religion: aymez et adorez ce Dieu si aymable, et si adorable qu'elle a tant aymé, et si religieuse[me]nt adoré. Et assurez vous de le pos– seder un jour en sa compagnie la-haut dans le ciel, ou vous condui– sent le Pere, le Fils, et le S. Esprit». Dans cette dernière partie le panégyriste s'efforce donc d' exalter les qualités réelles du défunt, mais il ne sait pas toujours se garder du ris– que de tomber dans la flatterie, danger auquel il était d'ailleurs facile de succomber étant donné le caractère encomiastique et politique de ces ceuvres de circonstance, n'oubliant jamais que ces discours d'appa– rat restent encadrés dans le contexte de la célébration liturgique. Le choix cles thèmes aussi montre l'attachement de notre panégy– riste aux règles. En particulier les thèmes de la louange engagent l' au– teur à instaurer un rapport de complicité avec son auditoire, compli– cité qui repose dans ce cas sur la connaissance cles événements contem– porains auxquels il fait référence. C'est le cas de l'allusion aux soins de Charles-Emmanuel II pour ses États: <<Mon Prince ne fùt pas plutost maistre qu'il ne retrancha toutes les depenses superflues de sa Maison, et establit des entretiens suffìsants à ses offìciers qu'illeur faisoit pa!er exactement. Disons quelque chose de plus fort. Il diminua, ce Prince liberai, les subsides que ses prede– cesseurs avoient imposés, et rebuta les traitements, qui luj en propo– soient de nouveaux, principallement un qui vouloit augmenter ses revenus en Savoye, de trente mille ducatons annuels. On n'a jamais veu faire de si grandes despenses pour la sureté de l'Estat, et pour l'establissement du 'commerce, qu'il c'en est fait durant sa vie, et neantmoins jamais il n'y eut tant d'argent dans l'Espargne, qu'il y en a eu sous son regne».

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