de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

Les panégyriques fonèbres de Mgr Albert Bailly 309 Ici l'auteur a eu recours à l'amplifìcation, procédé caractéristique du genre panégyrique, mais toujours dans un souci de vraisemblance. Après avoir acquis la confìance de son auditoire alors l'auteur peut passer à l' exaltation des vertus chrétiennes qui appartenaient aux défunts. Le choix des thèmes édifìants élève ces trois personnages à un degré divin. Dans le panégyrique de Christine de France, Mgr Bailly exploite tout au début la dichotomie entre amour et douleur, à l'aide de l'image de la Vierge pour insister dans sa volonté d' opposer le dou– leur de la perte, ce qui constitue la partie déplorative de son discours, à la promesse d'une vie éternelle après la mort, à laquelle est attribuée une fonction plutot consolatoire. Le panégyriste exalte les vertus de la princesse insistant sur sa perfection ("admirable", "parfaite" et "incom– parable" ce sont les adjectifs qui la caractérisent le plus), et il dit vou– loir faire revivre Christine dans deux sortes d'ordres: dans celui de la nature, et dans l' ordre de la gràce. Dans le premier cas Bailly insiste sur certains traits de Christine comme l'intelligence, la clairvoyance, l'éloquence dans des tons on ne peut plus élogieux. Dans la partie concernant la gràce, la charité et la dévotion marquent un rapproche– ment dévotionnel et religieux à Dieu. Ce meme caractère revient aussi dans l'oraison consacrée à Fran– çoise d'Orléans. Charité et libéralité lui sont associées et elle est repré– sentée en tant que personnage public aussi bien que privé. Cette meme distinction entre personnage public et privé est centrale dans la des– cription de Charles-Emmanuel II, beaucoup plus articulée, où la fin de l'exorde Bailly annonce le plan de son panégyrique: <<]e passe sous silence tant de qualités superflues, que les politiques exigent en un prince, pour le rendre parfait. Je n'emploirai qu'une seule, mais certaine et necessaire, qui renfermera mesme par excel– lence toutes les autres, et que ceux, qui ont eu l'honeur de coinois– tre ce grand prince, confesseront d'avoir veue dans sa vie, et dans ses actions: et c'est le soin qu'il a eu de regner en prince parfait. Voilà tout. Pour le faire voir je partage le soin d'un prince parfait en trois espe– ces de soins particuliers, que les sçavants appellent soins politique, domestique, et personnel. Le politique regarde l'Estat du prince, le domestique sa maison, et le person nel sa personne. Et c'est en ces trois sortes de soins que Charles-Emmanuel a excellé, et j'espere le

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