de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
Le discours prononcépar M gr Albert Bailly 325 Ce n'est pas de la gioire de la naissance, ni de la noblesse de l'ex– traction qu'on doit loiier les Dieux de la terre. Ce n'est pas de l' éten– due de leur Empire, de la force, & des graces exterieures de leur corps, ni de la grandeur de leur dignité qu'on doit emprunter les Eloges qu'on leur fait. Ce sont là des matieres trop viles, & trop perissables pour leur faire des couronnes, & il faut quelque chose d'immortel, et de perma– nent pour servir à ce noble usage. La nature & la fortune n' ont rien d'assez precieux pour leur faire honneur, & tout ce que nous emploions à la couronne de gioire l que nous leur faisons, est le pur ouvrage de leur vertu, ou l'illustre production de leur esprit. C'est le Mahre de l'Eloquence & de la Philosophie 10 qui m'a preté ce raisonnement, & par consequent il faut croire qu' il est juste. 11 Horum qui in virtute posita, & locata sunt> jure laudantur, estranea autem subducuntur; robus– tos namque> & pulchros> & nobiles> atque locupletes> nequaquam laudare> sed dicere beatos convenit. 12 Ce n'est pas donc pour cette éclatante Majesté dont M.R. est toute environnée, ce n'est pas pour etre descen– due de tant de Heros, & de tant d'Heroi:nes, & enfin ce n'est pas pour le innombrables ornemens exterieurs que la nature, ce semble, s'est fait 10 Mais l'ouvrage que notre éveque eire n'est pas d'Ariscote, meme s'il nous a été transmis avec ses ceuvres. Cf. la note 12 suivance. 11 Renvoi au "principe d'aucorité", ou "ipse dixit", qui avait une valeur absolue. 12 C'est le seui cas où Mgr Bailly signale sa source en note: «Ariscote»; mais la Rhe– torica adAlexandrum est probablemem l'ceuvre d'un rhécoricien du quatrième siècle avant Jésus-Christ: Anaximène de Lampsaque. La traduction latine que notre éveque cite est celle de Francesco Filelfo. Cf.: Aristotelis opera cum Averrois commentariis. Venetiis apud junctas, 1562- 1574, Frankfurc am Main, Minerva G.m.b.H. 1962, en IX volumes et trois supplemems, vol. II: Aristotelis de Rhetorica et poetica libri, cum Averrois in eosdem paraphrasibus, quorum numerum, versa pagina monstrat, p. 158: Aristotelis Rhetorica ad Alexandrum, Francisco Philelpho interprete, p. 177: «Horum autem qua: in vircute posita locataque sum, iure laudantur, extraria autem subducumur. Robuscos namque & pulch– ros, & nobiles acque locupletes nequaquam laudare, sed dicere beatos convenit>>. Ce texte se trouve dans le chap. 34: De orationis partibus in demonstrativo genere. ]e remercie vive– mem mon Collègue Edoardo Bona qui m'a aidé à retrouver cene citation et !es suivan– tes. Il est inutile de citer aussi le texte grec que Mgr Bailly n'a certainemenc pas consulté: Anaximenes ars rhetorica quae vulgo ftrtur Aristotelis ad Alexandrum, edidit M. FUHR– MANN, Monachii et Lipsiae, In Aedibus K. G. Saur MM, 2000 («Bibliotheca scriptorum gnecorum et latinorum teubneriana»), p. 75, § 35, 3.
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