de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

328 Gianni Mombello Grecs, plus concis, & plus serré. C'est pourquoi le Commentateur des offices de Ciceron, 16 dit que ce grand Orateur appellait Platon l'abon– dant, & le riche en belles pensées, & Demosthenes l' energique, & le puissant en raisonnemens. Illius copiam, huius vim Cicero effinxit. 17 Tant il est vrai que chàcun dans ses manières de penser, & de parler suit san inclination naturelle, & va impetueusement où son panchant le porte. Ainsi les Orateurs Asiatiques qui ont l'imagination ardente, & de l'ambition, croient que les pensées, & les expressions naturelles, & sim– ples ne sont pas dignes d'eux, & pour s'énoncer ils empruntent de l'Art, & de la Rhetorique, les fìgures qui s'y enseignent, & sur tout les simi– litudes; & on a imprimé un livre entier de celles de saint Chrysos– tome, 18 lesquelles selon les sçavants ne sont pas les meilleurs ouvrages, ni la plus grande richesse qui soient sortis de cette bouche d'or. Les Septentrionaux au contraire, qui ont l'imagination moins échaufée, & qui ne se picquent pas autant que font les Orientaux, du brillant, & de l'enflure que la vaine science enfante, & produit, pen– sent, & parlent plus simplement, & plus naturellement. Et c'est sur ce 16 Je n'ai pu idemifìer le commentateur (Nonnius?) auquel Mgr Bailly fair allusion, mais le passage du De officiis (I, 4) auquel il renvoie est le suivant: «Equidem et Plaro– nem exisrimo, si genus forense dicendi tranctare voluisset, gravissime et copiosissime poruisse dicere, et Demosrhenem, si illa quae a Platone dedicerat, tenuisset et pronun– tiare voluisset, ornate spendideque facere poruisse». C ICERON, Les devoirs. Introduction, Livre I .Texre érabli et traduit par M . TESTARD, Paris, Les Belles Lettres, 1965 («Collec– tion des Universirés de France»), pp. 69-70, pour !es commentateurs, pp. 105-06 pour le rexte. A. R. DYCK, A Commentary on Cicero "De Officiis", Ann Arbor, The Universiry ofMichigan Press, 1996, pp. 67-68. 17 La source de certe citarion est I'Institutio oratoria de Quintilien. Quintilien Imti– tution oratoire. Texre érabli et rraduir par J. COUSIN, Paris, Les Belles Lettres, 1975-1979 (< Collecrion des Universités de France>>), en 6 voli., t. VI, p. 100, livre X, l,§ 108: <Nam mihi videtur M. Tullius, cum se rorum ad imitationem Graecorum comulisser, effinxisse vim Demosrenis, copiam Plaronis, iocundirarem Isocratis». 18 Le renvoi de Mgr Bailly est rrop vague pour identifìer avec certitude l'ouvrage auquel il fait allusion. Je signale, à rour hasard: Schemata locutionum ex. D. Chrysostomi operibus excerpta, Basileae, Apud B. Wesrhemerum, 1536, in-8°, pp. 249. Exemplaire à la Brirish Library: 3805 a. 27. Dissimilium et adagiorum ex D . johannis Chrysostomi ope– ribus collectorum centuriae per Claudium Espencaeum . . . , Parisiis, Apud S. Nivellum, 1569, in-8°, pp. XVI-160. Exemplaire à la BnF: Z 17619.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=