de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

336 Gianni Mombello Je vais maintenant commenter ce discours de trois points de vue. Premièrement je vais rappeler les vicissitudes que ce texte a du subir, de l'été 1677, jusqu'à son impression en 1681. Ensuite, je signalerai quelques-unes cles idées les plus importantes qu'il contiene, enfin je cacherai de le situer dans un double contexte historique et culturel international et national. Je ferai dane allusion à la querelle séculaire qui a opposé les hommes de lettres français et italiens à propos de la supériorité de leurs langues et de leurs cultures respectives, ainsi qu'à la polémique sur l'éloquence qui a éclaté, en France, surtout au cours cles XVI e et XVII e siècles et je conclurai par quelques considérations à propos de la situation linguistique particulière cles Anciens États de Savoie et de la sensibilité que Mgr Albert Bailly avait à l' égard cles chan– gements linguistiques survenus au cours de son siècle. a. Les vicissitudes d'un texte Bien que son contenu ne soit que partiellement originai, du moins dans la version imprimée, que nous pouvons encore lire, il faut tout de suite remarquer que sa première rédaction, qui remontait aux mais de juin-juillet 1667, 29 devait etre passablement différente. 29 AST, Sezione corre, Lettere Vt?scovi, liasse 21, fase. l, pièce 27: «Madame, j'obeis au commandement que Mr.le marquis de Saint-Thomas me fait de la parr de V.A.R. de luy envoier le discours qu'elle a daigné m'ordoner, avec beaucoup de bonté, sur l'union des langues françoise et italienne et comme je n'ai pas beaucoup de temps à perdre entre repolir cet ouvrage et le prononcer, je supplie tres humblement V.A.R. de prendre la peine de me le r'envoier chatié, ou bien laissé en l'etat qu'il est, selon qu'elle le jugera à propos. Elle aura aussi, s'il lui plaist, la bonté de considerer que les plus belles expressions sur le papier sont comme des corps morts etendus sur la terre, mais que dans la bouche de l'ora– teur elles sont vivantes. Peut erre qu'elle en sera d'acord quand elle me fera l'honeur de m'entendre prononcer mon discours si elle daigne avoir le soin de me le r'envoier inces– samment, affin que je m'anime moi meme en l'etudiant. Je suis tres respectueusement, Madame, de V.A.R. tres humble, tres obeissant et tres fidele sujet et serviteur, D. Albert E. d'Aoste. D'Aoste, le 26. de juillet 1677». Ibid, pièce 29 datée d'Aoste le 29 juillet 1677: «Madame, je suis vieux et je n'ai plus guere à vivre. Il faut donc que j'emploie le peu de vie qui me reste à m'occuper incessamment de votre gioire età en marquer, le mieux que je puis, les brillants dans mes ouvrages. V.A.R. aura veu ce que j'ai écrit de ses grandes qualités dans le discours que je lui ai envoié et dédié [... ] >>. Dans le post-scriptum on lit: <<J'envoie un de mes gens à Thurin tout exprés pour me r'aporter le discours que Mr. de

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=