de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

Le discours prononcépar Mgr Albert Bailly 337 Notre éveque l'envoya à Turin fin juillet pour le soumettre à l' exa– men de la duchesse régente Marie-Jeanne-Baptiste de Nemous et de ses ministres. Ces derniers ont trouvé beaucoup à redire parce que Mgr Bailly ne parlait pas seulement d'union, mais aussi de «désunion» des deux langues. Il lui fallut alors expliquer à son ancien ami le marquis Guillaume– François Carron de Saint-Thomas, premier secrétaire de l'administra– tion savoyarde et au grand chancelier Giovanbattista Buschetti, dans une lettre dont la date de réception est le 30 octobre 1677 30 et qui a été donc écrite ou juste avant son départ d'Aoste, ou plutòt immédia- Sainr-Thomas m'a demandé de la part de V.A.R. Je vous supplie tres humblemenr, Madame, d'ordoner qu'on le remerre à cet home là. Il a ordre de ne poim revenir qu'il ne l'air. Vous voiez bien, Madame, que je n'ai poinr de remps à perdre, s'il faut que je prononce cee eloge le premier jour de seprembre. Ma memoire ne me sert plus qu'avec depir. Elle est reburée de la peine que je lui dane, dans mon grand age, de fariguer, au lieu de lui procurer du repos et un discours prononcé avec l'agremem et le plaisir que la memoire se fair de s'en imprimer vivemenr roure l'image, quand il seroir meme medio– cremem travaillé, reussit beaucoup mieux, qu'il ne feroit rour merveilleux qu'il pur erre, lorsqu'on ne l'a pas bien erudié et bien appris [...]». 30 Jbid., pièce 70: «Monsieur, M .R. me dir l'autre jour, qu'on avoir condanné dans mon discours !es mors d'union et de desunion que j'y ai mis et me rim quelqu'aurre dis– cours là dessus qui m'oblige de lui ecrire la lerrre cy joinre. Je vous supplie tres humble– menr de la lui doner en bone conjonrure et de lui dire que j'ai desabusé M. le grand Chancelier en lui faisant voir dans mon discours meme, que cette desunion est la meme chose qu'emulation d'esprit, et d'eloquence. Le P. Vota jesuite, qui enrend fort bien notre langue, a veu mon dernier discours et si M.R. le mande il lui en dira son senri– ment. J'arans ce bon office de vostre generosiré acoutumée, Monsieur, pour votre tres humble et tres obeissanr servireur. D. Albert E. d'Aoste». Par l'expression <<mon dernier discours>Mgr Bailly enrend vraisemblablemenr déjà la rédacrion remaniée de son allo– curion qu'il apporta à Turin. Jbid., pièce 73, <<receiie le premier 9mb 1677>>. <<Madame, j'ai fair reflexion sur ce que V.A.R. me dir l'autre jour, qu'on avoir trouvé à dire dans mes discours que j'y parlasse d'union et de desunion. Si on eut h:ì à V.A.R. !es discours entiers, elle auroir veu que c'est d'une emularion, soie desunion d'eloquence et non pas de cceur et d'imerese politique et d'Erar que je parle. Je ne suis passi indiscrer, ni si nou– veau au merier, que je ne sçache commenr il faur parler dans une Academie, où !es com– bats sonr d'esprit et non pas de main. Au nom de Dieu, Madame, n'ecourez poinr ces envieux du bonheur de ceux que vous honorez de vostre estime, ils vous feronr perdre vos meilleurs serviteurs et vous n'en aurez jamais de reste. Quand V.A.R. m'aura enrendu, elle conoistra cette veriré et qu'on a eu rort de rasch.er de me decredirer auprés d'elle. Je suis avec mille respecrs, Madame, de V.A.R. tres humble, tres obeissant et tres fidele sujer et servireur. D . Albert E. d'Aoste>>.

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