de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

338 Gianni Mombello tement après son arrivée à Turin. Dans cette lettre, il s'efforce de leur faire comprendre que là où il parle de «desunion» il veur dire «emula– tion d'esprit et d'eloquence». Qu'ils veuillent bien faire appel au père jésuite Charles-Maurice Vota, 31 qui entend bien le français et illeur expliquera quel est le sens véritable de ce terme dans le contexte où il l'a employé. Presque en meme temps, il mande à la Régente que par ce terme incriminé il voulait entendre «emulation, soit desunion d'Eloquence, non pas de creur et d'interest politique et d'Etat», et il ajoute piqué: «]e ne suis pas si indiscret, ni si nouveau au metier, que je ne sçache comment il faur parler dans une Academie, où l es combats son t d'es– prit et non pas de main». 32 Sans prendre garde, Mgr Bailly avait touché une corde fort sensi– bile et on lui a donné sur les doigts. Outre ce problème de fond, il y avait aussi un problème de forme. Fallait-illire ou prononcer par creur ce discours? On lui propose de lire son texte, mais notre éveque est pour un exposé oral et très adroi– tement il oublie ses lunettes lorsqu'il se rend à la séance d' ouverture. 33 31 Sur ce père cf.: Bib!iothèque de la Compagnie de j ésus. Première partie: Bib!iogra– phie, par l es Pères AUGUSTIN et ALOYS DE BACKER. Seconde Partie: Histoire, par le Père AUGUSTE CARAYON. Nouvelle édition par CARLOS SOMMERVOGEL, S.J., Strasbourgeois, publiée par la Province de Belgique, Bruxelles, Oscar Schepens, Paris, Alphonse Picard, 1890-1932, en 11 voli. Première partie, t. VIII (1898), col. 918-22. 32 AST, Sezione corte, Lettere Vescovi, liasse 21, fase. l, pièce 73, deuxième lettre transcrite dans la note 30 précédente. 33 Jbid., pièce 94 non aurographe, «receue le 8 mars 1678>>. «Madame, l'Academie des belles lettres de Paris m'a fait l'oneur de charger Monsieur l'abbé de La Chambre, l'un de ses plus illustres ornements, de m'ecrire qu'elle avoit fait quelque estime du dis– cours, que j'ai eus l'honeur de pronocer en la presence de VA.R. à l'ouverture de l'Aca– demie qu'elle a eu la bonté d'etablir dans sa ville de Thurin. ]'ai envoié la lettre que j'ai receue de cet abbé à Monsieur l'abbé de La Tour secretaire de votre Academie et je me persuade qu'ill'aura communiquée à la compagnie qui ne sera pas faschée qu'un ouvrage travaillé par l'un de ses plus foibles membres, ait reçeu l'approbation de la premiere Aca– demie du monde [. . .]. Elle a ordoné, Madame, cette illustre Academie [de Paris], que mon eloge soit inseré dans ses registres [...]. Ceux qui auroient veu mon discours ecrit, l'auroient jugé raisonable, au moins ils n'y trouverent rien à dire, mais la bonté qu'ils ont pour moy leur fit croire, par un scrupule d'amitié, que ce discours auroit eu un peu plus de succés si je n'y avois pas adjousté ce que mon imagination eschauffée m'y fit joindre.

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