de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

Le discours prononcépar Mgr Albert Bailly 341 Si, en ce qui concerne son exposé oral, qui a duré, du propre aveu de notre éveque, une heure, il ne nous est plus possible de récupérer quoi que ce soit, il se peut que les registres de l'Académie Française conservent encore une rédaction manuscrite qui pourrait différer de celle qui a été imprimée. Quelqu'un vérifìera un jour. Une chose est certaine, les huit pages de la plaquette lyonnaise, meme si elles avaient été lues lentement, ne correspondent pas à un discours qui aura duré une heure. De roure manière, Mgr Bailly est allé vite en besogne pour composer ce discours. Sur une douzaine de citations explicites ou implicites, plus deux proverbes, qui émaillent son texte, deux il les a tirées de deux chapitres proches de la Rhétorica ad Alexandrum du pseudo-Aristote (Anaxiène de Lampsaque), trois du De doctrina Chris– tiana de Saint Augustin et deux dè Génébrard. b. Les idées Ce discours commence par une affìrmation traditionnelle qui prend ici l'allure d'une provocation. La gioire n'est garantie parla naissance, ni par l'étendue des états qu'un souverain possède, ni par les gestes qu'il aura accomplis, mais seulement par son esprit et sa vertu. I.:Académie que Madame Royale venait de fonder avait pour but celui de mettre fin aux «curieuses, anciennes et innocentes disputes sur le veritable caractere de l' eloquence» qui avaient longtemps opposé les Français et les Italiens. Mgr Bailly se greffe ici, vraisemblablement sans en etre complète– ment conscient, sur une querelle qui trainait depuis la seconde moitié du XIVe siècle. À son avis, il y a deux types d'éloquence: celle des orientaux et celle des septentrionaux. Les Grecs les ont pratiqués tous les deux, avec Pia– ton le diffus - d' où il aurait tiré son nom - et Démosthène le concis. Les septentrionaux sont pour la concision, puisqu'ils détestent les fìgures. De ce point de vue, le discours de Mgr Bailly se rattache à une polémique qui a été assez vivace, en France, surtout durant la seconde moitié du XVIIe siècle, 40 mais qui remontait au siècle précé- 40 F. BRUNOT, Histoire de la langue française des origines à nos jours, Paris, Librairie

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