de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

Le discours prononcépar M gr Albert Bailly 345 Sur ces entrefaites Jean Lemaire de Belges publia, en 1513, sa Concorde des deux langages. 52 Selon Pierre Jodogne, qui a fort bien ana– lysé cet ouvrage, il remante bien avant. 53 En effet, les deux Temples en vers, celui de Vénus et celui de Minerve, reliés par cles passages en prose, devaient faire partie du Palais d'Honneur ftminin, voulu par Marguerite d'Autriche duchesse de Savoie qui en avait confié la réali– sation àJean Lemaire, en 1504, durant le séjour que ce poète avait fait à Turin. 5 4 Mais justement Jean Lemaire de Belges était bourguignon et non pas français. Au début du XVI e siècle la duchesse et la cour par– laient français; la ville utilisait probablement le patois et les gens cul– tivés essayaient de s'exprimer en italien, c'est-à-dire dans un idiome passablement étranger et que Dante avait défini, dans son De vulgari eloquentia (I, xv, 8), «turpissimum». Mais voilà qu'en 1549 Joachim Du Bellay lance sa Deffense et illus– tration de la langue françoyse. 55 Si on se défend c'est parce que l'on se sent attaqué et par qui sinon par l'irrespectueux voisin? La polémique anti-italienne parcourt roure la seconde moitié du XVIe siècle et elle a été bien étudiée par mon collègue Lionello Sozzi. 56 Si, au début du XVIIc siècle, Jean-Louis Guez de Balzac se laissait 52 J. LEMAIRE DE BELGES, La Concorde des deux langages, édition critique publiée par ]. FRAPPIER, Paris, Librairie Droz, 1947 («Textes Littéraires Français»). 53 P. ]ODOGNE, ]ean Lemaire de Belges écrivain franco-bourguignon, Bruxelles, Palais des Académies, 1972 (<<Académie Royale de Belgique. Mémoires de la Classe des Lettres. Collection in-4°>>, 2• série, t. Xlii- fascicule l), pp. 443-62. 5 4 Ibid., pp. 85-89 et 445. 55 Cf. l'édition d'Henri Chamard (Fontemoing, 1904 et Paris, Didier, 1948) dans la collection de la <<Société des Textes Français Modernes». 56 Certe recherche, publiée la première fois dans le vol. 106, 1971-1972, des <Atti della Accademia delle Scienze di Torino», a été reprise dans le premier chapitre (La polé– mique anti-italienne en France au seizième siècle, pp. 9-84) de son recueil d'articles inti– tulé Rome n'est plus Rome. La polémique anti-ita!ienne et autres essais sur la Renaissance, suivis de "La dignité de l'homme", Paris, Champion, 2002 (<<Études et Essais sur la Renais– sance», LXI). Voir aussi, les chapitres deux et trois du meme volume: Éloquence et vérité: un aspect de la polémique anti-italienne, pp. 85-109, et La polémique anti-italienne dans !'a?uvre narrative d'Henri Estienne, pp. 111-26, publiés d'abord er respectivement dans les <Annales de l'Université Jean Moulin, Langues Etrangères», 11, 1975 et dans les <<Cahiers V.L. Saulnien•, 5, 1988.

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