de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
346 Gianni Mombello charmer par l'éloquence latine du père Tarquinia Galluzzi 57 et l'italia– nisant Jean Chapelain avait encore beaucoup d'admiration pour les produits de la littérature transalpine et surtout pour le Tasse, quoique avec cles réserves, tels n'étaient plus les sentiments du père Rapin et surtour du père Bouhours. En moins de trente ans, une véritable révo– lution s'était produite dans le gout linguistique et littéraire. Ce chan– gement d'attitudes n'était pas du seulement au fait que la génération de 1660 était en train de créer une série impresionnante de chefs-d'reu– vre, mais aussi parce que le débat s'était déplacé définitivement du plan de la rhétorique à celui de l'éloquence 58 et, sur ce plan-là, les ltaliens devaient se tenir sur la défensive, à leur tour. 59 Or c'est justement sur le plan de l'éloquence que Mgr Bailly fonde son discours et de ce point de vue-là les raisons de dispute ne risquaient pas de tarir puisque, en Italie, le gout pour les fìgures continuait de plus belle. Ce texte de notre éveque est clone un document double– ment d'actualité, soit qu'on le situe dans un contexte international, soit qu'on le place sur un plan plus strictement savoyard. Età ce pro– pos, il faut faire un pas en arrière. En 1560, Emmanuel-Philibert regagna ses États par le comté de Nice flanqué de Marguerite de France, sreur d'Henri II, dont il venait de battre les armées à Saint-Quintin; le Piémont, encore occupé par les milices françaises, lui était défendu. C'est donc de N ice qu'en février 1560 il promulgua un édit selon lequel, dans le Sénat de Savaie «qu'en tous autres Tribunaux, et jurisdiction de nos pays», les arrets devaient etre rendus en langue vulgaire de façon que, «SOubs prétexte d'une obs– curité de langage, le pauvre Peuple» ne «soit induement travaillé». 60 En mai 1561, dans ses Ordini nuovi, il précisait: 57 M . FUMAROLI, Lage de l'éloquence. Rhétorique et "res literaria" de la Renaissance au seui! de l'époque classique, op.cit. p. 698, et n. 15. 58 Cf.l'ouvrage magistral de M . Mare Fumaroli cité dans la note précédente. 59 C. VIOLA, Tradizioni letterarie a confronto. Italia e Francia nella polemica Orsi-Bou– hours, Verona, Edizioni Fiorini, 2001 (<<Università degli Scudi di Verona. Dipartimento di Romanistica>>). 60 C. MARAzZINI, Piemonte e Italia. Storia di un confronto linguistico, Torino, Cen– tro Scudi Piemontesi, 1984 (<<Collana di testi e scudi piemontesi», 3, nuova serie), pp. 72-73.
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