de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

La correspondance de Mgr Albert Bailly: des lettres aux gazettes 33 Toutefois, on se tromperait si on ne voyait dans le Barnabite qu'un agent officieux de l'Etat savoyard, ou plutot un agent secret. A peine investi de responsabilités par le cabinet de Turin, il se donna la liberté de se comporter aussi en homme de lettres, en épistolier, et d'élargir le contenu de ses communications bien au-delà cles exigences de son service. Sa correspondance en prit un tour tout à fait particulier qui, sans nul doute, plut à la Duchesse Christine, mais eut moins le sou– tien de son cabinet. D'ailleurs, après les échanges très chaleureux avec le premier secrétaire de la Régente, Guillaume-François Carron de Saint Thomas probablement condisciple de Bailly au Collège cles J ésui– tes de Chambéry, les relations se distendirent peu à peu et furent rom– pues presque défìnitivement en 1550Y Ainsi, dès le début de sa collaboration avec Turin, Bailly ne se contente pas de s'affirmer comme un collaborateur précieux et fìdèle du gouvernement savoyard: il écrit à la Régente : « J'emploierei, Madame, au service de V.A.... et ce corps et cette àme qui son t à vous, si vous me permettez de disposer de mon bien. » 13 Mais il rédige toute une correspondance où le sentiment a autant de part que l'événement, en tout cas très personnalisée. Les raisons en paraissent évidentes : le P. Bailly est flatté du role qu'on lui demande de jouer au service de l'Etat, mais il veut le remplir non pas comme un agent anonyme, mais bien comme un collabora– teur connu et estimé. La lettre de l'ambassadeur de Savoie sous-entend qu'il avait eu cles relations au moins cordiales avec Madame Royale. De surcroit, son sacerdoce ne pouvait que le faire respecter et estimer davantage d'une princesse dont les écarts de conduite n'avaient pas étouffé la foi. De toute façon, le Père Barnabite disait que l'anagramme de son nom "Alben Bailli" 14 était "le Babilliart". Il adorait parler. C' était aussi 12 I, 3, 34 note l. 13 I, 5, 40. 14 Qu'il écrit aussi Bailly ou Bailly, beaucoup plus rarement. Voir I, 49, 186; III, 235, 223; Jbid, 347, 115.

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