de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

354 Andrée Mansau Le Panégyrique entre dans la tradition du temps: les louanges et les fleurs de rhétorique ne sont pas ménagées pour comparer la Régente avec Marie, reine des cieux, et son fìls Victor-Amédée II à Cyrus ou à Alexandre. Le palais d' où "la main puissante" de la princesse "conjure les ora– ges qui pourraient troubler la sérénité de ces beaux jours", "glorieuse retraite", lieu où la princesse pratique les vertus de justice, charité, par– tage avec les pauvres, lutte contre la famine: toutes ces expressions qui qualifient la Régente et ses vertus chrétiennes ne font guère un tableau originai et la composition du texte, l'adresse à la destinatarie, suivie de l'éloge du futur souverain et du portrait flatteur du souverain voisin dans lequel il faut voir sous le stéréotype de la description un portrait de Louis XIV ne diffèrent guère du bref ouvrage qui fut la première publication de Saint-Réal en 1665 avec pour titre Réconciliation du Mérite et de la Fortune: du traité de morale au Panégyrique, au discours De la valeur dédié à l'électeur de Bavière en 1689, les lettres ne révèlent pas l'origi– nalité d'écriture croisée cles traités de Ciceron, des textes de Tacite ou de Machiavel apparue dans ses récits de fiction Dom Carlos, Conjuration des Espagnols contre la République de Venise en 1618 et Césarion. Le cardinal d'Estrées, passé de l'ambassade de Venise à celle de Turin fut reçu avec tous les honneurs par Marie-Jeanne-Baptiste qui célèbre la naissance de Victor-Amédée et sa majorité officielle par un bal, un feu d'artifice; la mort du comte de Monastérol, gouverneur de Son Altesse, ne change rien à la régence et le comte de Mayou est nommé gouverneur. La régente fait le projet d'une grande université à Chambéry. «Me voicy insensiblement parvenu à la fin de la Régence qui finir le l er mai de l'année 1680, jour auquel S.A.R. achevoit de remplir sa quatorzième année, l'Académie s'étoit assemblée extraordinairement le jour précédant pour y recevoir l'abbé de Saint-Réal (sic) si célèbre par ses écrits. Il prononça (sic) en présence de leurs Altesses Royales le Panégyrique (sic) de la Régence, quoiqu'il ne doit arriver aucun chan– gement essentiel dans le gouvernement, cependant comme Madame ne pouvait plus avoir d'autorité que celle que son fils voudroit bien lui donner....Madame parla d'une manière vive, forte et touchante, elle y rendit grace à Dieu d'avoir conservé les états de S.A.R. en paix dans les temps si orageux».