de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

34 Louis Terreaux un fin lettré dont les sermons attiraient la société distinguée. Il fré– quentait les Académiciens et avait en grande estime Vaugelas et Voi– ture. Il avait la passion de « barbouiller du papier », et des idées sur le style, qu'il ne voulait pas « sérieux et succinct, mais gai et étendu ». Le laconisme qui est du genre sérieux, a du « nerf et des os ». Il lui faut donner de la « peau, et de l'embonpoint ». C'est l'affaire du «stile gai ». 15 G. Mombello atout dit sur le sujet, inutile d'insister. 16 Bailly avait en particulier la passion d'écrire des lettres, ce qu'on igno– rait, bien sur, avant les découvertes de notre éminent collègue et confrère: « Je creins de devenir fol, écrit-il, le 16 juin 1649, à Saint– Thomas, car au lieu d'escrire mes sermons et mille autres choses qui concernent ma profession et ma charge, je ne m'occupe qu'à escrire à M.R. et serois bien marri de perdre aucune occasion de luy envoier de mes lettres. Mais aiés, s'il vous plaist, la bonté de remarquer les plai– sirs que je prens dans cette occupation, puisque deliberant de n'escrire qu'une lettre de recommandation, et par consequent courte, je rem– plis toute la feuille, et change la matiere pour m'attacher à celle qui m'est agreable ». 17 Bailly fait allusion à une lettre adressée par le meme courrier (16 juin 1649) à M. R. où il fait part de ses réflexions sur le portrait de la Régente en Sainte Christine, qu'il attend avec impatience. C'est le style « estendu », non pas court, et la lettre n'avait rien à voir avec sa mis– sion gouvernementale. 15 II, 134, 180-181. 16 Voir norammem Une lettre inédite de Vaugelas à Antoine-Philibert (Albert Bailly), Edizioni dell'Orso, Alessandria, 1989. Rappelons que l'arrirude du Barnabire n'esr pas ici celle d'un agent adminisrrarif. Le cabiner de Turin s'arrendair à des rapporrs précis qui dans un sryle neurre pourraiem l'éclairer sur la siruarion de la France er de son gouvern– ment. Bailly, sans négliger ces exigences, y ajoure celles d'une oeuvres lirréraire, meme si Sainr-Thomas, le dispense, dans erre dupe, de veiller à la «dicrion>>, c'esr-à-dire au mor er à <<l'expression>>, c'esr-à-dire à la synraxe. Bailly ne se comenrera jamais d'écrire un rexre banal. Il a le don du sryle. Il le mer au service de la Duchesse. C'esr sans doure sa mori– varion profonde, car il avair conscience que sa manière d'écrire érair une façon de plaire à sa Souveraine. 17 Il, 183,179.

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