de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

364 Geneviève Haroche-Bouzinac En revanche, par contraste avec ces cours trompeuses, Bailly se pose en homme sincère. Il écrit à M. de Saint Thomas : « Vous connaissez, Monsieur, le fond de mon cceur, et qu'il y a cette liaison entre luy et ma langue, qu'un mesme nerf les meut ». 11 I.:image du « fond du cceur »si souvent l'objet cles réflexions cles moralistes de l'age classique est fréquente dans les lettres adressées M. de Saint-Thomas. 12 Cette thématique est une constante de la corres– pondance. On la trouve aussi bien dans cles lettres de 1648 qu'en 1657. Une lettre chiffrée rédigée dans un style de conspirateur s'achève par certe formule de mise en garde : « Il y a tant fard sur les visages de la Cour, qu'on a peine de discerner les naturels ». 13 Dans le registre de l' opposition encore, le silence est dressé contre la parole puisque, selon le père Bailly, le langage n'est pas toujours la voie la plus directe vers la vérité. « Il est de certaines vérités qu'il faut taire pour les faire mieux conna.ltre ». 14 Ici la maxime particulièrement bien frappée a une fonction d' atténuation dans le panégyrique de son altesse. Le secret de l'art de louer d'Albert Bailly réside dans la prété– rition, et il développe: « vos serviteurs ont l'advantage de soutenir que V.A.R. scait meler la fermeté avec la magnanimité et moderer par gran– deur de courage vos résolutions sans les changer ». 15 L'art de la prudence Si les hommes trompent, ils veulent paradoxalement erre trompés. Aussi est-il malaisé de révéler la vérité : on assiste à cles variations sur ce motif. De la formularion simple - « Il n'est pas toujours bon de dire cles vérités » 16 - Bailly passe à cles présentations plus catégoriques : Il 8, T. I, p. 48. 12 « Après avoir bien examiné, et érudié le fond du cceur de quelque personne, j'ay avoué que vous aviés raison, Monsieur, de me dire... >>, ibidem. 13 453, T. 7, p. 249. 14 337, T. 6, p.68. 15 Ibidem. 16 112, T.2, p.92.

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