de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
366 Geneviève Haroche-Bouzinac Ce qui affleure dans ces lettres, c'est l'apreté cles rapports humains dans ce monde. S'il n'est pas vraiment un homme politique, Bailly sait que l'amour du bien public ne règne pas toujours dans le cceur cles hommes de pouvoir. ~intéret général est trop souvent sacrifié à l'inté– ret privé : « Les homes, Madame, n'agissent pas tousjours par les rai– sons publiques, mais par les particulières » 22 . C'est cette fine connais– sance cles raisons particulières qui justifie le ròle de Bailly. Tout est affaire d'échanges, de preté pour un rendu, dans le meil– leur cles cas. Une formule est introduite par une expression d'atténua– tion qui appelle la connivence de la duchesse, une sorte d'inter nos dic– tum non formulé : « Pour le mariage, V.A.R. connait notre monde, rien sans rien ». 23 Ce monde-ci est impitoyable: « Point d'argent, point de cceurs, point de foy, point d'intelligence. Point de toutes choses. Voilà, Madame, de mauvais principes » 24 • La maxime est done ce qui accompagne l'homo viator, dans la tra– versée de la vie 24 -bis, elle apprend à se conduire. En bon diplomate, ~abbé teme de concilier les partis, de ménager l'un et l'autre : « .•. il faut sauver les choux et les chevres » 25 , rappelle-t-il de façon débon– naire à M. de Saint-Thomas. Un certain nombre de principe de conduites sont ainsi égrenés de lettre en lettre. Savoir exprimer une reconnaissance équivalente aux cadeaux reçus : «Il faut multiplier les remerciements quand les bienfaits se multiplient>> 26 • Savoir attendre son tour, prendre son mal en patience. Plusieurs aphorismes encouragent la duchesse à pratiquer la persévérance : « Madame je le redis tout vient à temps à qui peut attendre >> 27 . Une 22 339, T.6, p. 79. 23 366, T.6, p. 193. 24 95, T. 2, p. 362. 24 ·b;, Voir LOUIS VAN DELFT, Le Moraliste classique, Genève, Droz, 1982, p. 226. 25 86, T. I, p. 306. 26 423, T.6, p.136. 27 68, T. I, p. 252.
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