de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
368 Geneviève Haroche-Bouzinac de devenir fol, car au lieu d' escrire m es sermons et mille autres cho– ses qui concernent ma profession et ma charge, je ne m' occupe qu'à escrire à M.R. ». A l'occasion d'un remerciement, adressé cette fois à M. de Saint– Thomas, le caractère surprenant de l'habitude est évoqué pour suggé– rer un compliment. De façon élégante, l' exorde de la lettre met une litote en évidence: « Vos bontés ne me surprennent point »,et le père Bailly poursuit: « les choses pour grandes qu'elles soient ne nous tou– chent presque plus quand eles sont converties en habitude, parcequ'alors elles nous sont naturelles, et come necessaires » 32 • On admirera la façon habile avec laquelle Bailly remercie son destinataire de sa générosité en témoignant du fait qu'il entend bien en bénéficier encore. Le caractère inexplicable des mouvements du destin, mème lorsqu'il est heureux, provoque une rafale de formules bàties selon le mème schéma: <<Comme un premier mal a toujours suitte, aussi un premier bon heur produit toujours de nouvelles prosperités. 33 Ma maxime est très véritable, qu'un bon-heur n'est jamais seul et que j'ay sujet de croire (si l'oroscope que m'a fait ce cher Comte est très véritable), que V.A.R. achevera comme elle a commencé>>. 34 Une réflexion plus large sur la façon d'envisager l' existence s'annonce parfois. Comme si une méditation s'interposait en l'épistolier et son des– tinataire, la maxime est fugacement réflexive. Une formule transpose poétiquement le « nous ne goutons rien de pur >> de Montaigne : <<Comme les plus beaux jours d' été ont toujours quelques ombres et qu'ils ne sont jamais tout à fait purs, de meme la tranquillité de nostre court n'est pas tout à fait exempte d'émotions, qui sont comme de petites vapeurs qui s'elevent foiblement, et se dissipent aussitost >>. 35 32 528, T.8, p. 298. 33 434, T. 7, p. 176. 34 434, T. 7, p. 177. 35 161, T.2, p. 277.
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