de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

La correspondance de Mgr Albert Bailly: des lettres aux gazettes 37 Mais pour quel motif le P. Bailly a-t-il modifié la forme de sa cor– respondance ? Pourquoi l'épistolier s'est-il fait gazetier? Sans doute et d'abord pour des raisons de clarté rédactionnelle. Bailly obéissait à un réflexe qui allait dans le sens de la "Doctrine clas– sique", dont les marques achevaient de s'imposer, dans la littérature française, vers 1650. Est-ce pour se conformer plus rigoureusement aux exigences de sa mission d'informateur? On en peut douter, car le Barnabite ne renon– cera jamais à ses entretiens épistolaires avec la Duchesse. Mais ce qui explique aussi les nouvelles structures, c'est l'afflux cles renseignements. « Nous avons, écrit-il à la Régente, une si grande quantité et diver– sité de nouvelles qu'il faudroit que j'eusse tous les moments du jour la piume à la main pour les escrire à VA.R ». 24 Dès 1648, le Père crai– gnait d'importuner la Souveraine : « Après tout, je ne sçai ce que VA.R. dira de l'habitude que je contraete peu à peu à l'importuner par de si longues, et si mauvaises lettres ». 25 La Duchesse avait beau etre friande de la prose de son correspondant, il y avait des limites à ne pas fran– chir.26 Une lettre trop longue est contraire à la politesse. A Charles– Emmanuel II, le Barnabite écrit le 9 juin 1651 : « Je demande très humblement pardon à VA.R. de la liberté que j'ose prendre de l'im– portance de la lecture d'une si longue lettre ». Or cette lettre n'est pas longue. Que penser, dès lors, des lettres de plusieurs pages, à répéti– tions, où les informations submergent le lecteur ?27 Il arrivait à Bailly de rédiger jusqu'à la pointe du jour : « J' acheve, Madame, avec le jour et avec cette feuille ». 28 Fallait-il renoncer à écrire? 24 III, 224, 140. 25 I, 44, 170. 26 Le 5 mai 1648, Bailly se félicite cles «merveilleuses bonrés>> de son Alresse qui lui <<font connaitre que bien loin que [ses] volumes luy soient desagreables par leur longueurs, ils ne peuvenr luy plaire s'ils ne sont encore plus longs». En fait, Bailly se rendait bien compre que cerraines mesures ne pouvaient pas erre dépassées. 27 Une note curieuse datée de Paris, 10 mars 1651 et qui figure dans le dossier 222 (III, p. 118) s'en prend à la quantité de gazettes. <<Le P. Bailly est très incommodé et très importun d'accabler Madame Royale de tant de gazettes et il faur bien qu'il soit obsriné de continuer connaissant son défaut». 28 II, 112, 93.

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