de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

38 Louis Terreaux C'était impensable. Dès lors, il renonça à la lettre, mais pas à l'écriture. Une lettre impliquait le destinataire, une gazette était plus imperson– nelle. Christine n' était pas opposée à ce type d' exposé. Car les « advis », 29 c'est-à-dire les « nouvelles » n'exigeaient pas de réponse cir– constanciée, camme le faisait une lettre. « Nous avons, écrit-elle le 22 novembre 1647, reçu deux de vos lettres, et puisqu'elles ne contiennent que cles« advis », nous n'avons qu'à vous dire en responce qu'ils nous ont esté tres agreables, et que la continuation nous en sera chère ». 30 D'autre part, la lettre a cles contraintes de présentation, notam– ment de dimension, de style. Il était plus facile de faire se succéder cles paragraphes, parfois très brefs, que de composer une lettre. La gazette donnait une série de nouvelles sans hiérarchie. 31 Elle permettait à l'au– teur d'exercer sa verve librement. Elle favo risait la vivacité de sa plume, et cette variété de tous qui en fait tour l'attrait. C'est pourquoi Bailly conservera la forme de la gazette, meme dans le cas où elle sera brève. Il reste que ce type de courrier ne répondait pas au souhait du P. Bailly qui eùt vivement souhaité cles échanges suivis avec la Duchesse. C'est une plainte récurrente que fai t entendre Bailly cles trop longs silences de sa Maìtresse Souveraine. Quoi qu'il en soit, la gazette n'est pas exactement un journal. Dans le cours cles nouvelles, le rédacteur s'adresse à Madarne Royale, camme dans le cours d'une lettre. C'est évidemment une différence considé– rable avec une vraie gazette, qui ne s'adresse pas habituellement à tel lecteur particulier. Mais comment pouvait-il en etre autrement, puisqu'il s'agissait d'une correspondance strictement privée, ou pluròt secrète. Et de toure façon, ces appels assez fréquents qui viennent sous la plume du Père Bailly ont une valeur sentimentale. Comment Bailly aurait-il pu se contenter d'une relation impersonnelle et froide avec la Duchesse Christine de France ? 29 Dans le contexte, le mota le sens ancien d'information, camme dans la formule <<avis à la population>>. Ira!. bando. 30 l, 16, 86 note l. 31 «]e ne consulte ni morale ni politique quand j'escris à V.A.R., je ne regarde que le commandemem qu'elle a daigné me faire de luy mander routes sorres de nouvelles, me reposam sur son incomparable prudence du discernemem de ce qui merite que vous sça– chiés, et des choses qui n'en som pas dignes>>. (Billet 385, aout 1655).

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=