de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
La correspondance de M gr Albert Bailly: des lettres aux gazettes 45 faute d'une egalité entiere, je ne puis me rendre digne, comme nos deux blondes, de tout le fond cles bonnes graces de V.A.R., au moins, elle aura bien, s'illuy plaist, la bonté de m'aimer un peu ... ». 54 Le P. Bailly amuse, mais surtout il vouait un véritable culte à la Sou– veraine. Des premières aux dernières lettres de la correspondance publiée, ce sont cles hommages fervents qui montent vers Madame Royale. Bien sur, l' épistolier connal:t à la lettre les usages protocolaires depuis son séjour à la Cour de Turin, lestitres et la syntaxe qui régit le mélange du vous et de la troisième personne. Son ami Vaugelas a consa– cré à ces problèmes en 1647 plusieurs pages de ses Remarques sur la lan– gue française. Bailly les connal:t par ca::ur. Et il a une virtuosité incroya– ble à tirer du texte la courtoisie, comme si elle découlait du texte le plus naturellement du monde et selon cles règles que nous avons oubliées. Mais les usages ou les rites de politesse courtisane ne sont pas de pure forme. Leur accomplissement vient du ca::ur. La duchesse n'avait pas toujours eu une bonne réputation. D'après les historiens les plus récents, elle se serait amendée vers l' époque où Bailly, désormais entré dans les Ordres, fut sollicité de collaborer avec le pouvoir. Evidemment, les convenances ne lui permettaient pas de faire la moindre allusion aux dérives qu'il n'avait pas ignorées lors de son séjour à Turin. Mais il pousse fort loin la passion pour sa souve– raine, qui ne se démentit jamais. Il ne cesse de penserà écrire à M. R.« Le plus beau cles jours de la semaine est celui du vendredi ... 55 C'est le centre de mon unique et très aimée occupation. Ouy, Madame, je ne scaurais supprimer ce mou– vement de mon ca::ur. Je n'ay qu'une seule occupation, et V.A. la devi– nera bien, s'illuy plaist, sans que je l'exprime moi mesme; c'est de penser continuellement à luy rendre mes tres humbles services, et à m'entretenir dans cette agreable meditation : et comme le vendredy est destiné à me faire escrire mes passions, et à m'en decharger, aussi je le dois appeler mon unique jour, et l'attendre comme l' agreable fìn de mes reveries, et de mes impatiences ». 56 54 III, 227, 167 sq. 55 Le courrier parrai t le vendredi de Paris pour Turin et Rome. 56 II, 124, 141.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=