de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

La correspondance de Mgr Albert Bailly : des lettres aux gazettes 49 Reste à se poser la question la plus importante qu'on ne peut évi– demment traiter ici : les gazettes et les lettres sont-elles d'une écriture différente? Peut-etre peut-on dire que, d'une manière générale, la rhé– torique des gazettes se rapporte à celle du récit et de la description. La phrase souvent brève est dans la ligne recommandée par Juste Lipse qui se référait à Tacite età Salluste. Si elle s'allonge, c'est pour suivre les méandres d'une pensée en vaie d'élaboration par le style indirect, d'où Bailly passe aisément au style direct. Bailly journaliste a le sens du trait, de la saillie, de l'anecdote rapide, du portrait enlevé, souvent caricatura!. La rhétorique des lettres est celle des sentiments, celle qui régit l'ex– pression des rapports entre Bailly et Christine de France. La phrase est souvent plus longue. Elle se plie aux débats du cceur et de l'esprit, à l'expression de l'admiration la plus éperdue, de la jubilation, des décep– tions cruelles, des excuses, de la fìdélité inébranlable, etc. Elle a des rondeurs cicéroniennes apprises à l'école des Jésuites. Bailly peut concilier les deux rhétoriques dans le meme texte. Le style en acquiert encore plus de souplesse et de variété, faisant de l'au– teur un épistolier et un "gazetier" de premier ordre.

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