de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
52 Luca Giachino il y en a un qui me semble particulièrement précieux: si, d'un coté, les lettres renforcent notre admiration pour les qualités du grand bar– nabite savoyard, de l' autre elles nous livrent une image bien plus nuan– cée et attachante que celle que véhiculent les notices biographiques offìcielles. Le Personnage avec un grand P descend peut-etre de son piédestal, mais pour révéler l'« homme tout court », camme l'a si bien dit Maria Costa 3 , un homme qui, de par son humanité, finit par nous fasciner davantage. Afìn de définir le sujet à développer pour ce Colloque, mon regretté ma!tre Gianni Mombello- à qui je voudrais dédier cette étude- et moi, nous avons passé en revue, camme il se doit, les fondements de la réputation d'Albert Bailly : son intense activité pastorale, sa dévo– tion pour la maison de Savoie, la force de ses sermons et la verve de sa prose, son regard lucide sur les événements de l'époque... Et, de fil en aiguille, nous en sommes venus à énumérer les quelques faiblesses de cette grande personnalité, des défaurs dont le prélat avait lui-meme conscience, comme le révèlent ses lettres : l' ambition, certes, voire un certain culot («]'ai tout pour meriter une promotion. L'age { .. }le ser– vice { .. }la volonté { ..} :j'ay une passion demesurée de parvenir » 4 ), mais aussi son penchant bien connu pour l'intrigue, qui, associé à son iné– branlable bonne foi, lui a joué parfois des mauvais tours. C'est ainsi que, sur un ton mi-sérieux mi-badin, nous avons évoqué quelques « bourdes » mémorables de dom Albert, parmi lesquelles on ceux qui nous renseignent bien sur la vie intellectuelle parisienne, il y a le père Mersenne, un minime, mais il meurt en 1648, c'est-à-dire au moment où Bailly arrive à Paris ; et ensuite !es grandes correspondances, comme celle de Mme de Sévigné, commencent net– tement plus card, vers 1670. Nous avons clone un vide à combler, et l'ceuvre du père Bailly permet de le combler >> (Albert Bailly éveque d'Aoste - trois siècles après - 1691- 1991, actes du colloque imernational d'Aoste (11-12 octobre 1991), réunis par M . Costa, Aoste, Imprimerie Valdòtaine, 1993 (« Bulletin de l'Académie Saint-Anselme >>,IV, p. 248-249). Écoutons aussi un spécialiste américain de la Fronde, Orest Ranum : << There is a courdy air to some of the letters; chere is mosdy high inrelligence and astute observation. No one should comment on Parisian politics in che 1640s without going through Bailly. >> (http://ranumspanat.com/bailly.html ). 3 Maria COSTA,<< Un prélat et un homme de qualité : traits de caractère >> inA!bert Bailly éveque d'Aoste- trois siècles après- 1691-1991, op. cit., p. 191-204. 4 Correspondance, I-65.
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