de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

"Dieu vous garde de ce t home la': Un Tartujfe à la cour de Turin 61 Tout semblait aUer pour le mieux lorsque, à l'automne 1648, l' ar– chidiacre de Toul, Louis Machon, fut surpris à fabriquer de fausses lettres de noblesse à l'aide d'un sceau tout aussi faux. Ses complices à la Chancellerie furent écroués et l'un d'entre eux accuse Nicolas Charpy d'etre impliqué dans l'imposture. Pour graves qu'aient été les imputations, ce dernier réussit, une fois de plus, à esquiver la prison 36 et l' échafaud. Si l'on en croit le témoignage de Bailly, Charpy, « tres en peine »,se cachait à l'hotel d'Angouleme où il aurait aussi change de nom 37 • En ami fìdèle, le barnabite accorriplit « divers voiages chez mon dit seigneur le Chancelier » 38 pour plaider l'innocence de Charpy, mais sans résultat. Demeurant introuvable, l' accusé fut « condamné à estre pendu, et etranglé en Greve en effigie, et il l'auroit esté, reelement, s'il eut esté pris. » 39 Tout laisse supposer que de puissantes attaches ont permis au pro– tégé de Mazarin de quitter la France sans rencontrer de grosses diffì– cultés. Lentremise du Cardinal Ministre appara1t en effet diffìcilement contestable si l'on considère qu'une fois passé la frontière, Charpy a trouvé refuge à Naples, au couvent cles théatins - un ordre sous la pro– tection de Mazarin-; après un bref séjour à Venisé 0 , il débarque enfìn à Turin. lage baroque (1602-1661), Paris, Imprimerie Nationale, 1981, p. 99-102 ; Madeleine LAURAIN-PORTEMER, Une tete à gouverner quatre empires (Études mazarines II), Paris, chez l'aureur, 1997, p. 530-531. 36 Cependant, le premier décembre 1648 Dubuisson écrit « Charpy s'est évadé ,, (François-Nicolas Baudot, dit DUBUISSON-AUBENAY, ]ournal des guerres civiles, éd. G. Saige, 2 vol., Paris, H . Champion, 1883-1885). 37 Correspondance, 1-94. O n ignare quels liens ont permis à Charpy de trouver refuge à l'hotel d'Angouleme et quel nom il avait adopté à cette occasion. Les lettres conservées à Turin permettent pourtant de corriger !es biographes, selon lesquels le titre mi-noble mi-religieux de Sainte Croix remonterait du rerour de Charpy en France ; or, la première de ces lettres, datant d'avrill649, porte déjà la signature « De Charpy deSte Croix ». 38 Correspondance, 1-92. 39 Correspondance, 11-126. 40 Un aurre dérail inconnu cles biographes et découvert grace aux lettres conservées dans !es archives turinoises. Cf. R. MOMBELLO, La correspondance inédite de Nicolas Charpy, dit de Sainte-Croix, mémoire cité, p. 285 (!eme XLI de Paris, 26 juiller 1675).

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