de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

"Dieu vous garde de cet home la': Un Tartujfe à la cour de Turin 65 graphes n'a rien à voir ici: à Turin, Charpy jouissait d'une position et d'une pension considérables et il n'était certainement pas pressé de ren– trer en France, vu la sentence qui continuait à peser sur lui. Or, nous savons maintenant qu'il n'a pas quitté volontairement la cour savoi– sienne, mais qu'il en a été bel et bien chassé parla Duchesse. Charpy possédait une ferme à San Sebastiano Po, un village situé à une trentaine de kilomètres de la capitale subalpine et proche des confins avec le Montferrat, une contrée au centre d'éternelles disputes territoria– les entre Turin et Mantoue et théatre des affrontements entre Français et Espagnols. À l'automne 1652, Charpy avait logé à San Sebastiano un régi– ment de cavalerie française, sans l'autorisation de la Duchesse. Cet épi– sode lui a valu la haine de la population locale et aussi la colère de.Marie– Christine qui a vu là une manceuvre, concertée en secret avec les Français toujours prets à s'implanter dans les places-fortes piémontaises, pour « donner lieu à une violente prise de possession du quartier d'hyver » 50 • Mani– gance mazarine ou légèreté d'un homme qui se croit invulnérable? Tou– jours est-il que cet acte a mis la souveraineté du Duché en grave danger. Madame Royale décrète l'éloignement de Charpy de la cour. :rancien gentilhomme de la Chambre se trouve du coup dans une position scabreuse : ayant reçu l'ordre de quitter Turin, il ne peut pour– tant pas regagner Paris. Il accumule alors les tentatives d'obtenir le par– don, au moyen de lettres suintant la flagornerie et la servilité ; Madame Royale demeure inflexible. Charpy erre pendant quelques mais à tra– vers le Piémont et la Savoie. Il demande du temps pour vendre ses biens, se confond en excuses, multiplie ses attestations de fidélité ; il doit à tout prix éviter une expulsion car Mazarin n'a pas encore obtenu l'an– nulation de sa condamnation. En juillet 1654, il est enfin de retour dans la capitale française et se réfugie quelque temps chez les théatins. Le 23 octobre 1654, Bailly annonce à la Duchesse que M. de Sainte Croix a son abolition seelée, mais elle n'est pas encore veriffiée. ]e ne scay point où illoge. Il n'est plus aux Theatins. 51 50 R. MOMBELLO, La correspondance inédite de Nicolas Charpy, dit de Sainte-Croix, mémoire cité, p. 222 (!eme IX, janvier 1654). 51 Correspondance, V-357.

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