de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

78 Paola Cifarelli passé l'hiver dans le Dauphiné. Meme si le role des troupes de Louis XIV fut minimisé à plusieurs reprises de part et d'autre pour des rai– sons diplomatiques, l'intervention des soldats français fut détermi– nante et pendant toute la période de leur stationnement dans les val– lées vaudoises piémontaises (du 20 avril jusqu'au 3 mai), ils se livrè– rent à des pillages, voire à de véritables massacres. Le 5 mai, Pianesse croyait avoir obtenu un succès défìnitif et le 15 il revint à Turin; mais il avait sous-estimé la force de la résistance vaudoise ainsi que le role des autorités françaises des vallées situées sur la rive gauche du fleuve Chisone dans la réorganisation des "religionnaires"; en effet, malgré les ordonnances royales des l er, l o et 17 juin interdisant aux habitants de ces territoires de preter secours aux vaudois des vallées piémontai– ses, ceux-ci accueillirent systématiquement les réfugiés en leur recon– naissant un statut officiel. Pour comprendre certe attitude, ainsi que l'absence d'une prise de position offìcielle du gouvernement français dans cette affaire, il faut rappeler les efforts que Mazarin déployait en ce moment-là pour attirer l'Angleterre protestante de Cromwell dans la sphère française: puisque dès la fin du mois d'avril 1655 l'opinion publique internationale était informée des massacres contre les Vau– dois, on peut comprendre que la France n'eùt pas voulu compromet– tre l'issue de ses négociations avec le Lord Protecteur, qui aspirait à devenir le guide du protestantisme européen. Entre temps, la résis– tance des "religionnaires" s'était réorganisée et des attaques avaient été menées contre plusieurs villes de la plaine. Le gouvernement savoi– sien dut done se persuader que la question n' était nullement résolue; des actions militaires visant à résoudre la question par les armes furent entreprises au cours des mois de juin et juillet, mais la solidarité inter– nationale des communautés réformées européennes envers les coreli– gionnaires piémontais fut si grande, que le duché de Savoie fut obligé à recourir à la diplomatie. En effet, les Vaudois avaient entrepris des actions envers les Cantons Suisses, qui fournirent une aide fìnancière , et de l'Angleterre : huit lettres, rédigées par le poète John Milton, furent envoyées aux puissances européennes et un jeune diplomate du département d'état, Samuel Morland, fut envoyé dès le 5 juin d'abord en France auprès de Louis XIV, puis à la cour de Savoie, où il arriva le l er juillet et fìnalement à Genève, pour solliciter le due de Savoie à faire cesser ce qu'ils considéraient une grave manifestation

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