de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie

90 Paola Cifarelli guerre. Ici, on expose l'idée clé cles libelles savoyards, selon laquelle la guerre menée contre les Vaudois a été entreprise uniquement parce qu'ils ont refusé d'obéir aux ordres du due, alors que les sujets sont tenus à une fìdélité absolue à leur souverain. La forme de l' épitre a deux fonctions, à savoir rendre moins offìcielle ton de ce manifeste que la duchesse devait envisager avec perplexité, et accroitre la crédibilité de la fiction littéraire sur laquelle se fonde la stratégie argumentative du pamphlet. Toutefois, quelques détails du contenu de cette lettre porteraient à la considérer un texte non pas complètement fìctionnel, mais rédigé à partir d'une missive réellement expédiée à un agent savoisien à Paris. Les points qui retiendront notre attention sont deux. En premier lieu, ce texte contient l'allusion à une lettre que ce correspondant (fictif ou réel) de la duchesse aurait envoyée à la cour turinoise pour annoncer la reprise de ses envois après un temps de silence ; 38 or, on a déjà rap– pelé que Bailly avait été absent de Paris pour plusieurs mois, et qu'il avait repris sa correspondance justement à la fin du mois de juin ; le détail évoqué parla missive du pamphlet hollandais s'applique clone particulièrement bien au cas de notre barnabite. 39 En deuxième lieu, la lettre de la duchesse insérée dans le pamphlet flamand mentionne un texte vaudois condamnant les actions cles ministres du due ; encore une fois, on se souviendra que dans sa première lettre envoyée de Paris pendant l'été 1655, Bailly cite un libelle hollandais à fìgures décriant la monarchie de Savoie, qu'il fìt traduire et qu'il envoya à Turin à la fin de juin. Notre hypothèse est clone qu'une vraie lettre, adressée à Bailly, ait pu servir de matériau pour la confection de la lettre-manifeste du pam– phlet catholique flamand, méme s'il faut préciser qu'aucune pièce d'ar- 38 Manifest ofVerhael, f' 2, Il. 1-4. Nous cirons la traducrion française de ce passage: « Votre lettre du 5 du mois nous monrre que votre affection pour nous n'a pas diminué, ce qui nous donne un double contenremenr, et nous assure que vous continuerez vos ser– vices et vos avis de Paris. » 39 On se souviendra que Bailly avait passé plusieurs mois en Béarn pour ses visites pasrorales.

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