de Saint Anselme Nouvelle Série - Académie
92 Paola Cifarelli trop téméraire. Ce sont plurot les idées qui y sont exposées à servir de point de départ pour notre argumentation, et particulièrement la mise en évidence des vertus du souverain comme garantie de la bonté de son comportement. Dans l'introduction au libelle qu'il projetait, Bailly développait longuement ce concept, qui est souvent exploité en France à l'époque qui nous concerne pour défendre l'autorité absolue du roi et les prérogatives de la couronne. Le principe sur lequel se fonde une telle argumentation est que la dignité royale repose sur la participation du monarque à la divinité de Dieu, non seulement parce que le roi a été créé à son image comme tous les autres hommes, mais aussi parce qu'il a le privilège de refléter le pouvoir et la royauré.du Seigneur. Pour cette raison, les vertus divines se manifestent dans les vertus du roi chrétien, qui est le lieutenant, le ministre et le représentant de Dieu sur terre. D'autre part, cela implique que le pouvoir du roi est forcé– ment éclairé par la charité chrétienne qui inspire et légitime les actions du roi. Bref, le syllogisme est le suivant : si le roi participe de la divi– nité, et que la divinité est toujours juste et vertueuse, le monarque absolu aussi aura comme attributs la vertu et la justice. Cette idéolo– gie de la royauté, mise en avant surtout quand les prérogatives de la couronne sont menacées, est indissociable de la pratique discursive dans laquelle elle s'inserir, à savoir l'éloquence sacrée et plus particu– lièrement l'oraison funèbre. Tout au long du XVII e siècle, et bien avant l'affirmation du mythe de Louis XIV, les prédicateurs et les orateurs sacrés contribuent puissamment à la construction de ce portrait du monarque absolu, que Bailly dans son Introduction essaie d'appli– quer à la duchesse de Savoie età son fils, Charles-Emmanuel II afìn de leur faire incarner les valeurs liées traditionnellement au roi Très– Chrétien. Si nous revenons à notre pamphlet hollandais, dans la conclusion de l'apologie c'est bien ce concept qui se trouve développé longue– ment.42 La présence de cette thématique est importante, à notre avis, dans la mesure où elle permet, d'un coté, de différencier ce texte des aurres pamphlets issus de la cour de Savoie du point de vue du 42 Manifèst ofVerhael (.. . ),ci t., ff. ?v-8.
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