- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2012
Les martyrs de la Légion thébéenne : historique du culte en Vallée d'Aoste PAOLO PAPONE Le massacre de la Légion thébéenne est sans doure le plus retentissant épisode de martyre chrétien, à cause du nombre des martyrs (6600, 6660, 6666, selon les versions les plus anciennes), à cause des acteurs du drame (des soldats qui renoncent à leur force militaire pour la force de la foi; l'empereur qui les condamne; les compagnons d'armes qui les tuent), à cause des autorités religieuses qui en commencent le culte et en rédigent le récit (ce sont tous des éveques), à cause de l'importance politique et sociale de ceu:x: qui en exploiteront idéologiquement la dévotion (en Vallée d'Aoste c'est surtout la maison de Savoie). On a beaucoup discuté sur l'historicité du massacre d'Agaune, mais les histo– riens ne disposent pas des éléments pour résoudre la question. Par conséquent dans les notes qui suivent nous ne nous occuperons que de l'évolution du culte des martyrs de cette légion qui reçut les épithètes de angelica legio et de legio felicisl. La géographie du culte Parmi les patrons titulaires des églises paroissiales et des chapelles qui sont parsemées dan~ tout le diocèse d'Aoste, ceux qui se réclament (peut-etre abusivement) de la célèbre Légion thébéenne forment un groupe assez important 2 ; en voilà un aperçu synthétique: - Saint Maurice est vénéré dans les paroisses de Brusson, Champdepraz, Fénis, Sarre, dans plusieurs de leurs chapelles (le culte du patron de la paroisse se retrouve souvent dans les chapelles de celle-ci) et spécialement dans les chapelles de Moron (Saint– Vincent), de l'hòpital de la ville d'Aoste (ancien Hòpital Mauricien) et de la caserne Cesare Battisti; un autellui était dédié dans la Cathédrale, dans la Collégiale Saint– Pierre et Saint-Ours, dans la prévòté Saint-Gilles à Verrès. Au V siècle, Eucher, auteur de la Passio Acaunemium Martymm, appelle la Légion thébéenne angelica Legio et la dénombre en 6600 hommes, cf. F. ALESSIO, l martiri tebei in Piemonte, dans Miscellanea valdostana, Chiantore– Mascarelli, Pinerolo 1903, p. 12 et 14 (BSSS, XVII); ils deviennent 6660 dans le Passionnaire de Stuttgart de 1130 (cf. D . THURRE, L'atelier roman d'orftvrerie de l'Abbaye de Saint-Maurice, Monographic, Sierre 1992, planche XXX) et 6666 dans la Legenda aurea de Jacopo de Varagine, de la deuxième moitié du XIII• siècle (cf. iACOPO DA VARAZZE, Legenda aurea, par !es soins de A. et L. VITALE BROVARONE, Einaudi, Torino 1995, p. 777); pour Grégoire de Tours, (De gloria martyntm, l. l, c. 75), au VI• siècle, c'est la legionemftlicem (cf. ALESSIO, op. ci t., p. 8). Pour une perspective historique et anthropologique centrée sur le Piémont, cf. M . CENTINI, Martiri Tebei. Storia e antropologia di un mito alpino, Priuli & Verlucca, Scarmagno 20 l O. 2 HEA, l, p. 30-39. 13
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