- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2012
PAOLO PAPONE Agaune, le Val d'Aoste et les Francs En 523 les fils de Clovis conquirent le royaume de Bourgogne, mais Agaune n'eut pas à en souffrir, carelle devint un lieu saint pour les Francs et pour les Burgondes 49 • En effet les nouveaux maitres avaient tout intéret à entretenir de bonnes relations avec les populations locales, car celles-ci pourraient les aider à mieux controler le col du Grand-Saint-Bernard. Dans un délai assez bref- en 575, avec le roi Gontran, auquella tradition attribue la recostruction ou bien la restauration de la Cathédrale d'Aoste- le Val d'Aoste entre à part entière dans le royaume mérovingien 50 • Pour les siècles VII< et VIII<, les séries épiscopales des diocèses d'Aoste, de Sion, de Lausanne, de Genève et de Belley sont muettes; sur ce silence, E. Gilomen-Schenkel a formulé l'hypothèse d'une vacance des sièges transalpins et d'une sorte de suppléance exercée par l'abbaye de Saint-Maurice 51 • En effet, du moins dès la moitié du VIII< siècle, des abbés agaunois sont aussi éveques 52 • Ce qu'on a vu à propos du mandement de Graines et de la paroisse de Roisan, et ce qu'on sait sur la fonction de lien que les Alpes exerçaient entre les ré– gions limitrophes, permettent d'étendre l'hypothèse au Val d'Aoste aussi. Dès le début du VII< siècle l'abbaye d'Agaune eut le droit de battre monnaie: on connait des tiers de solde d'or, avec au recto ACAVNO MO[nasterio] et au verso IN HO– NORE SCI MAVRICI MARTI[ris]5 3 • Les comtes de Savoie aussi y battirent monnaie de 1235 jusqu'à 1360 54 • Entre 794 et 811 se constitue la province ecclésiastique de Tarentaise, avec Moutiers comme métropole, et le diocèse d'Aoste en est suffragant jusqu'en 1862 55 • Le lien du Val d'Aoste avec le monde frane est donc très fort. Il est aisé de comprendre, dans cetre perspective, que saint Martin, le patron des Francs, soit le titulaire des paroisses d'Ayas, d'Arnad, de Pontey, de Torgnon, de Verrayes, de Diémoz, de Corléans, d'Ay- auons treuve des reliques des dix mille martirs, de ste Chaterine et de plusieurs autres lesquelles paraissent fort ancienes que nous permettons d'exposer à la veneration du public. Et parce que ledit reliquaire n'est guere propre et qui ne ferme point, nous ordonnons d'en faire faire un autre dans l'annee et de le fermer, dont la clef sera mise au tronc cles ames » (ACVA, Visites pastorales, vol. 9). La discordance entre les initiales "S T" et l'iconographie du personnage pourrait s'expliquer par une faure de compréhension de la part de l'artisan (''Saint Tours'', au lieu de "Saint Ours'', comme dans la toile de Moron de 1673, susmentionnée, "S. Sengrad", pour "Saint Grat"). 49 THEURILLAT, op. cit., p. 17. 50 L. COLLIARD, M.-R. COLLIARD, VACCHINA, op.cit., p. 57-63. 51 F.-O. DuBUIS, A. LuGON, Les premiers siècles d'tm diocèse alpin: recherches, acqttis et qttestiom sttr l'Eveché dtt Valais, "Vallesia", 17 (l 992), p. 32; P. PAPONE, V. VALLET, Storia e litttrgia nel ct1lto di S. Orso, dans BASA, n. s., VII (2000), p. 220-221, note 6. 52 THURRE, op. cit., p. 23. 53 THEURILLAT, op.cit., p. 20. THURRE, op.cit., p. 26-27 et notes 78-79, p. 318. 54 E. BIAGGI, Le antiche monete piemontesi, Melli, Borgone di Susa 1978, cité par DESTEFANIS, op. cit., p. 27. L. GIANAZZA, Uomini e monete delle zecche sabattde. L'organizzazione delle officine monetarie dei Savoia dalle origini all'unità d'Italia, Centro culturale numismatico milanese, Milano, 7 febbraio 2006 ( http://www.sibrium.org/Ma – teriali/Savoia_CCNM.pdf). 55 PAPONE, VALLET, op.cit., p. 220-222; P. PAPONE, La diocesi dal/XI secolo a oggi, dans Les institutions dtt millt!naire, Musumeci, Quart 2001, p. 136, 158. 26
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