- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2012
LES MARTYRS DE LA LÉGION THÉBÉENNE: HISTORIQUE DU CULTE EN VALLÉE o'AoSTE On remarque, en effet, qu'en Vallée d'Aoste le culte de saint Maurice (et des Thébéens) a eu un grand essor, étroitement lié à la maison de Savoie. Exactement en 1250, Rodolphe, abbé de Saint-Maurice d'Agaune, en reconnaissance des bienfaits que l'ab– baye avait reçus de la part des Savoie, avait donné "l' anneau de saint Maurice" à Pierre de Savoie, à condition que l'anneau passat de comte en comte, toujours dans la maison de Savoie 77 • Chatel-Argent appartint aux sieurs de Bard jusqu'en 1242, lorsqu'ils du– rent le céder à Amédée IV, qui menaçait de réprimer leur insubordination. Le passage de propriété paralt etre marqué par l'introduction (mais nous ne pouvons pas certifier qu'il n'en était rien auparavant) du culte de saint Maurice, témoigné parla fresque de son martyre dans la chapelle sous le clocher. Si nous comparons la statue du saint primicier de la Légion angélique, venant de Villeneuve et maintenant exposée au musée de la Cathédrale (fig. 11), avec !es deux analogues de Moron et de Sarre, toutes trois du XV siècle, nous constatons que le saint porte un collier qu'aucun autre saint soldat ou cavalier ne paralt porter 78 : il y a une analogie frappante avec le collier de l'ordre chevaleresque fondé en 1362 par Amédée VI, meme si ce n'est pas la copie exacte 79 • Aussi la différence est-elle très raisonnable, puisqu'on ne pouvait pas reculer d'un millénaire une décoration dont on connaissait celles du chii.teau Sarriod de La Tour, cf. D . VICQUtRY, La décoration picmrale, dans Le ch!Jteatt de Qttart: recherches, analyses et propositions de mise en valettr, pat la Surintendance régionales cles activités et cles biens culturels, dans BASA, n. s., VIII (2003), p. 414-416 et planches 48-49; et ces dernières sont datées parla dendrochronologie au 1250, cf. E. RossETII BREZZI, La pitmra gotica in Valle d'Aosta, dans EAD. (par !es soins de), Fragmenta picta. Testimo– nianzepittoriche dal castello di Q;tart. Secoli XIII-XIV, catalogue de l'exposition (Chii.teau Sarriod de La Tour 2003), Tipografia Valdostana, Aoste 2003, p. 12-15. Quant au drapeau qui est peint sur la droite du marryre de saint Mau– rice dans la meme chapelle du clocher, il est cerres plus tardif, soit à cause du sryle, soit parce que Guillaume Paradin, dans sa Chroniqtte de Savoie (XVI' siècle) arreste que la première parution publique d'une bannière de Savoie eur lieu en 1365, quand l'empereur Charles IV descendit contre le Visconti, cf. CORONA, op. cit., p. 12; P. PAPONE, Da Santa Maria di Villeneuve a Sant'Orso di Aosta. Note iconowgiche, dans AA, n. s., III (2003), p. 256-257. 77 Guichenon atteste que, dès lors, !es comtes et !es ducs de Savoie prirent possession de leurs États avec cet anneau-là, cf. S. GUICHENON, Histoire généalogiqtte de la Royale Maison de Savoie, t. l, Lyon !660, réimpression anastatique Horvarh, Roanne 1976, p. 282. DESTEFANIS, op.cit., p. 19-20. 78 Pour le Saint Maurice de Villeneuve, cf. BRUNOD, GARINO, Alta Valle e valli laterali, cit., p. 114; R. BoRDON, Stefono Mossettaz e la sCttltttra valdostana nel XV secolo, dans R. BORDON, E. CARLIN, P. FINO, F. GrOMMI, C. MALANDRO– NE, Medioevo in Valle d'Aosta dal secolo VIII al secolo XV, Priuli & Verlucca, Ivrea 1995, p. 62-68; B. 0RLANDONI, L'antico altare della Collegiata di Sant'Orso, dans "Pagine della Valle d'Aosta'', 8, giugno 1998, p. 22-28. Pour le Saint Maurice de Moron, cf. BRUNOD, Bassa Valle e valli laterali Il, cit., p. 487. Pour le Saint Maurice de Sarre, cf. BRUNOD, GARINO, Cintura..., cit., p. 238. Pour !es datations et !es comparaisons, cf. B. 0RI..ANDONI, La prodttzione artistica adAosta dttrante il tardo medioevo, dans M. CuAZ (par !es soins de), Aosta. Progetto per ttna storia della città, Musumeci, Aosta 1987, p. 219, 262; V. VALLET, fiche n° 21, Sct~ltore valdostano, San Giorgio, dans CASTELNUOVO, DE GRAMATICA (a cura di), op. cit., p. 452-455. 79 FILIPPO BRUNO DI TORNAFORTE (a cura di), Ordine supremo della Santissima Annunziata, hrrp://www.ordinidinasti – cicasasavoia.it/?cat= l; l. MAssABO Ricci, fiche n° Il, StaNtti dell'ordine del Collare, detto più tardi dell'Annunziata, dans E. PAGELLA, E. RosSETTI BREZZI, E. CASTELNUOVO (a cura di), Corti e Città. Arte del Qttattrocento nelle Alpi occidentali, catalogue de l'exposition (Torino 2006), Skira, Milano 2006, p. 36-37. THURRE, op. cit., p. 45, rappelle un illustre antécédent: « Saint Louis, roi de France, avait choisi saint Maurice comme patron pour ses chevaliers: il lui fit construire un prieuré à l'intérieur du chii.teau royal de Senlis et demanda à l'abbaye [d'Agaune] de lui envoyer cles reliques cles marryrs, ainsi que cles chanoines pour la fondation de l'ordre. En 1262, l'abbé Girold présida au rransfert cles reliques et cles religieux; il devait rerourner dans son abbaye emporrant, en gage de la reconnaissance royale, un fragment de la Saint Epine enchii.ssée dans un reliquaire de cristal et d'or». 31
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=