- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2012

PAOLO PAPONE Depuis la translation des reliques, le temps qui s'écoule donne un éclat toujours plus vif au culte de saint Grat, des foules de pèlerins se pressent autour de ses reliques, jusqu'au moment où l'on décide de transformer le chevet de la Cathédrale en réalisant le déambulatoire, qui peut faciliter le mouvement des pèlerins; en effet, le testament du chanoine Vuillerme de la Porte de la Rive d'Aoste, de 1279, fait allusion à d'important travaux qui affectent la Cathédrale, laquelle, à ce moment-là, n'est pas « célébrable >> 97 • Saint Grat: la Magna Legenda Entre la translation des reliques et la transformation de la Cathédrale, il s'est sans doute réalisé une évolution du culte de saint Grat, qui a ressenti la nécessité des textes pour l' office liturgique de sa fete. Selon Vaudan, ce fu t Jacques des Cours, originaire de La Salle, chanoine de la Cathédrale de 1268 à 1285, qui composa ces textes (la Magna legenda sancti Grati, surtout), dont les deux Due fixent à 1276l'approbation 98 • La Magna Legenda réemploie et réélabore certains éléments qui viennent de la Passio AcaunensiumMartyrum d'Eucher et de son interpolation B, et voilà que saint Grat n'est plus simplement concerné dans l' exhumation de saint Innocent et dans son ensevelis– sement à Agaune, mais il est associé à part entière à saint Théodule (maintenant consi– déré comme éveque de Sion, non plus de Martigny 99 ) dans la découverte des restes sacrés de saint Maurice (rappelons sa relevatio en 1225) et des légionnaires thébéens, et dans la fondation du sanctuaire d'Agaune, de sorte que saint Grat pourra emporter une partie des reliques pour les déposer dans la Cathédrale d'Aoste 100 : guaire de saint Ours, cf. C. PIGLIONE, Le oreficerie medioevali del tesoro, dans B. 0RLANDONI, E. ROSSETTI BREZZI, Sant'Orso di Aosta.!/ complesso monumento/e, l, Tipografia Valdostana, Aosta 2001, p. 263-265. 97 Le Martyrologe de la Cathédrale est antérieur à 1311 puisqu'on y trouve l'adjonction (par une autre main) du jestttm conceptionis Virginis Marie, que le bienheureux Emeric de Quart introduisit en 1311. Voilà le souvenir de la translation cles reliques de saint Grat, sans doute une mémorable procession solennelle de l'église Saint-Laurent à la Cathédrale: « In Augusta civitate translacio sancti Grati episcopi et confessoris, qui fuit inventus in monasterio sancti Ursi eiusdem loci »(Fonti, p. 8, note 2). Dans son testament de 1279, le chanoine Vuillerme de la Porte de la Rive d'Aoste choisit d'erre enterré dans le clo1tre de la Cathédrale mais, en attendant qu'à la Cathédrale on puisse nouvellement célébrer, il veut erre inhumé dans l'église Saint-Étienne: « Suam vero sepulruram elegit in claustro sancte marie aug. ira tamen quod in ecclesia sancti stephani corpus suum reponatur humatum quousque in dieta ecclesia aug. divina officia celebrentur » (HEA, 3, p. 54, note 3). 98 VAUDAN, op. cit.: « Venerabilis Dominus Iacobus de Curiis de Sala, canonicus Auguste, edidir officium divi Grati quo de presenti, adveniente solemnirare, urimur » (Fonti, p. 259; il faut remarquer une erreur dans la chronologie de Vaudan: Jacques cles Cours n'est pas mort en 1385, mais un siècle avant); P.-É. Due, Culte de Saint Grat.. .. Son ojfìce, saJète, cir., p. 7; HEA, 3, p. 20; Fonti, p. 177. 99 Une source de la Magna Legenda Sancti Grati (avec !es memes anachronismes) est la Vita S. Theodori Sedunensis episcopi, rédigée par « Ruodpertus monachus peregrinus » au siècle XII', cf. Fonti, p. 179-180; le texte est contenu dans le cod. 27 de la bibliothèque de Saint-Ours (ff. 79v-8! v) et il a été édité parA. VENTI!ATICI, Vita sancti Theo– dori Sedrmensis episcopi, dans Mélanges historiques... , cit., p. 141-144. 100 Fonti, p. 190. 36

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