- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2012

LES MARTYRS DE LA LÉGION THIÒBÉENNE: HISTOIUQUE DU CULTE EN VALLÉE o'AOSTE La chasse et le buste de saint Grat Par décret synodal du 10 mai 1407, l'éveque Pierre de Sonnaz solennise la fete de saint Grat, patron de la Cathédrale d'Aoste, fete qui doit etre chòmée dans tout le diocèse, d'autant plus que, selon l'opinion commune, par les mérites de saint Grat les foudres sont rechassées loin de tout le territoire du diocèse 110 • Dans ce climat spirituel et politique murit la décision de réaliser une chasse plus digne pour les reliques de saint Grat. À cette fin le testament de 1399 de l'éveque Jacques Ferrandin laissait « XII chiphos argenti ponderantes XII marchas pro chassa beati Grati »; en 1415 fut signée la convention avec l'orfèvre Guillaume de Locana, qui malheureusement mourut trop vite; l'ouvrage fut donc terminé par Jean de Malines, qui y travailla de longues années, au moins de 1421 à 1448; la translation des reliques dans la nouvelle chasse eut lieu le 2 juillet 1458 111 • Encore à la première moitié du XV siècle on peut donner le buste reliquaire de saint Grat, qui appartient à la Cathédrale, et qui a largement déterminé l'iconographie de notre saint patron 112 • De taille presque naturelle, exposé à la vénération des fìdèles dans l'église et en procession, dans les solennités et dans les périls, surtout quand les caprices du ciel et des eaux mettaient en danger les populations des vallées, ce visage décharné, rasé, sévère devint "le visage" de saint Grat, en détermina les traits pour les siècles à ve– nir. Les exceptions ne sont pas nombreuses, qui rendent le patron non immédiatement reconnaissable, et pourraient dépendre ou d'artistes étrangers au territoire età la culture valdòtaine, ou bien d'un autre modèle célèbre, encore à la Cathédrale, c'est-à-dire des deux Saint Grat qui sont le portrait de l'éveque Pietro Gazino 113 • Cette normalisa- IlO Fonti, p. 307: « Nos frater Petrus Sonati, episcopus Aug., ordinamus quia meritis Beati Grati, confessoris patroni ecclesie nostre cathedralis, cuius corpus in ipsa ecclesia extitit canonice relevatum, opinione communi fulgura re– pelluntur a territorio totius nostre diocesis Aug., ordinamus quod festum ipsius in qualibet ecclesia nostre diocesis solempniter celebretur di. 7 septembris anno quolibet, et ab omni opere similirer cessetur. .. ». Il] R. BoRDON, jean de Malines e l'oreficeria nelXVsecolo, dans BORDON, CARLIN, FINO, GIOMMI, MALANDRONE, op. cit., p. 92-95; BRUNOD, GARINO, La Cattedrale.. ., cit., p. 406-410. 112 BRUNOD, GARINO, La Cattedrale. .., cit., p. 417. 113 P. PAPONE, La focciata cinquecentesca della Cattedrale di Aosta. Fonti e teologia del programma iconografico, dans BASA, n. s., VIII (2003), p. 284-286. Une lettre du chanoine Noussan au peintre Giovanni Stornone, datée Aosre, 23 novembre 1911, prend le parti du Saint Grat barbu: « Représentez S. Grat avec la barbe; il était religieux basilien et à ce tirre il devait la porter; la plupart cles anciens tableaux le représentait aussi de cetre façon. De cetre manière il ne me ressemblera plus et ce n'est que mieux », cf. CH. CERISE {a cura di), Disegni e spolveri di una fomiglia di artisti: gli Stornone, catalogue de l'exposition (Aoste 2005-2006), Musumeci, Quart 2005, p. 69. On peut critiquer !es fondements de l'affirmation du chanoine Noussan, qui pouvait se référer au Saint Grat alias Pietro Gazino, mais qui avait surrout le bur de dérourner une ressemblance qui l'aurair gené. La Magna Legenda Sancti Grati, roure fan– taisiste qu'elle soit, mentionne que saint Grat fu t moine près d'Éphèse: « Cenobium itaque intravit monachorum constructum iuxta Ephesum habitumque ibi suscepit monachalem »(Fonti, p. 185; pour la critique de la Magna Legenda, cf. C. GELIOT, L'iconographie de saint Grat dam la Vallée d'Aoste et la Savoie à lafin du Moyen-Age, mémoire de maitrise, Université Paris I-Sorbonne, année universiraire 1997-1998, p. 15-23). En 1884, le chanoine Pierre-Jo– seph Béthaz publie une étude riche sur la vie de saint Grat, en réaliré un commentaire savant sur la Magna Legenda, qui ne fait qu'habiller de science un mannequin qui ne tient pas debout; dans cet ouvrage on peur lire: << Là il revet l'habit religieux dans un monasrère de l'ordre de S. Basile» (P.-J. BI'.THAZ, Vie de Saint Grat Éveque et patron du Diocèse d'Aoste, Due, Aoste 1884, p. 23). M•'J.-A Due donna son imprimatur au volume du chanoine Béthaz er il 39