- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2012

PAOLO PAPONE voùtes de l'église Saint-Ours d'Aoste, et leurs statues devaient se trouver aux deux còtés de la "grand'anconà' de la Collégiale; dans les deux cas le commettant était le meme, encore un Challant, Georges: saint Georges était le patron onomastique du prieur, qui était aussi dévoué à saint Maurice, camme en témoigne le plafond de sa chambre au chateau d'Issogne, tout décoré de croix tréflées blanches sur fond rouge 152 • Les pseudo-Thébéens en Vallée d'Aoste: une réflexion sur l'hagiographie La recherche que Felice Alessio conduisit sur la faule de martyrs thébéens vénérés au Piémont montre que, dans la plupart des cas, il s'agir de saints locaux, sans aucun lien avec la Légion angélique 153 • Dans la meme perspective qu'Alessio, on peut remarquer que pour nombre de "Thébéens" deux légendes existent: l'une des versions est non-thébéenne, c'est-à-dire qu'elle parle simplement d'un berger pieux, d'un ermite, d'un évangélisateur, etc.; dans l'autre version, le meme personnage appartiene à la Légion thébéenne; il a fui le massacre d'Agaune (contre Eucher, qui affirme l'anéantissement de la Légion entière), et à ce moment-là il est devenu berger, ermite, évangélisateur, etc. La répétition de ce schéma rend de plus en plus inconsistante l'historicité de ces récits, mais elle fait surgir la question de quand et pourquoi ces saints ont été assimilés aux légionnaires de saint Maurice. Nous avons déjà apprécié l'importance de la "relevée" des reliques d'Agaune au XIIIc siècle et de leur "translation'' au XVI<. Nous pouvons croire que la résonnance de ces événements-là ait exalté ces héros comme les prototypes de la sainteté chrétienne, qui continue de rayonner, après la mort glorieuse, par la puissance des miracles et par l'efficacité de la protection. Nous pourrons ainsi comprendre qu'à des saints bien plus modestes, dont on ne connaissait que le nom, on ait donné la cuirasse légère des légion– naires thébéens, pour mieux satisfaire l'attente du peuple, une attente de protection et de graces spéciales. La maison de Savoie n'aura pas regretté tout ça, mais il ne faut pas en exagérer l'envergure stratégique. Les légendes ont assimilé des éléments disparates (le saut du rocher, le berger pieux protégé par Dieu, etc.), sans une cohérence logique unitaire, à la suite de plusieurs interventions spontanées, car non seulement les paroles de Dieu, mais tous les textes << curn legente crescunt >> 154 • En effet, camme les recherches sur saint Besse le montrent, meme dans des milieux très restreints, les variantes des légendes sont 152 0RIANDONI, L'antico altare della Collegiata..., cit., p. 22-28; S. BARBERI, fiche no 28, Antoine de Lonhy e intagliatori ginevrini. l 480-l 490. Frammenti dell'altare maggiore della Collegiata dei Santi Pietro e Orso di Aosta, dans ROSSETTI BREZZI {a cura di), op.cit., p. 92-97. « Nell'inventario del15651a stanza era detta "chambre de saint Mauris" dalle croci mauriziane dipinte sui cassettoni del soffitto», S. BARBERI, Il castella oggi.. ., cit., p. 141 et planche s. n.; RoNc, CAMISASCA, op.cit., p. 36. Saint Maurice est peint aussi dans la chapelle du chiìteau d'Issogne, dans l'ébrasement de la fenetre de droite, cf. BRUNOD, Bassa Valle e valli laterali, cit., p. 476. 153 ALESSIO, op. cit., p. 27-55. 154 SAN GREGORIO MAGNO, Omelie su Ezechiele/l, par les soins de V. Recchia, Città Nuova, Roma 1992, p. 214-215 (I, VII, 8). 48

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