- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2012

LES MARTYRS DE LA Li!GJON THI!BI!ENNE : HISTORIQUE DU CULTE EN V ALLI!E o'AOSTE Un lien pourrait se dessiner entre Aoste et Casale, puisque, si les reliques du jeune Défendant étaient conservées à Casale du rnoins jusqu'à 1476, et on peut supposer qu'une dévotion les entourait, deux éveques issus de Casale se suivirent sur la chaire de saint Grat de 1557 à 1572, Marc'Antonio Bobba et Girolamo Ferragatta, et on pour– rait penser qu'ils ont ernporté la dévotion à saint Défendant 159 ; toutefois c'est encore rnoins qu'une hypothèse, ce n'est qu'une piste de recherche. En réalité, jusqu'à ce rnornent, je n'ai pu encore recenser en Vallée d'Aoste aucune dé– dicace, aucune statue, aucune peinture de saint Défendant qui soit antérieure au XVII• siècle, tandis que, parrni les nornbreuses images postérieures à la solennelle translation des reliques de saint Maurice de 1591, il n'y en a que deux qui marquent l'identité thébéenne du saint soldat, et que nous verrons: une petite statue de la chapelle de Grand-Mont-Blanc (Champorcher, 1756) et la toile (fig. 17) de l'autel de la chapelle de Pramotton (Vert, environ 1820-1830). Dans la pauvre notice sur saint Défendant citée par Alessio il n'y a aucune allusion à la Légion thébéenne, cornrne si les sources anciennes n'en savaient rien; plus que ça, la localisation des reliques à Casale contribue à rendre rnoins vraisernblable une fuite d'Agaune toujours plus longue. Malgré cela, dès le XVII• siècle des rnartyrologes d'une fiabilité carrément douteuse brouillent encore la situation, en rnentionnant Défendant parrni les légionnaires fugitifs, attrapés et rnartyrisés près de Marseille, dans les bouches du Rhòne, et inhurnés sur place par un éveque Théodore, hornonyrne de celui de Martigny cité par Eucher 160 • Baldessano offre sa solurion à lui, en identifiant deux hornonyrnes Défendant, tous les deux thébéens, l'un rnartyrisé à Marseille, l'autre dans l'ltalie du Nord-Ouest 161 • Le rneme Charles Ernrnanuel Ier avait rangé saint Défendant parrni les Thébéens de sa dévotion et il lui avait dédié ces vers: « Per difendere la fede l non defendesti ben gia la tua vita l Ansi il tuo fin cercasti l Et ti santificasti l Per firmarla col sangue >> 162 • Il paraìt donc que le culte de saint Défendant se soit ressenti assez peu de l' accapa– rernent idéologique opéré par la rnaison de Savoie par le biais des légionnaires qui auraient fui d'Agaune, tandis que, au niveau de la religiosité populaire, son norn et son irnage de soldat suffìsaient à faire de lui une défense et une protection puis– sante contre tout danger. Contre les dangers de la guerre, avant tout, vu que c'était un soldat: en 1704 la paroisse de Lillianes se voua à saint Défendant, reconnais– sante du fait que toute la Vallaise avait échappé au pillage des troupes françaises . Le saint défenseur devint ainsi le troisièrne patron de Lillianes, avec saint Roch et saint 159 Fonti, p. 314-315. 160 BURCHI, op. cit., coli. 528-529. 161 BALDESSANO, op. cit., p. 147. 162 Bosco, op.cit., p. 128. 51

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