- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/06/2012

RosANNA GoRRIS CAMOS littérature spirituelle du Val d'Aoste, sur laquelle il est revenu en 2004, à l'occasion du colloque Réalités et perspectives ftancophones dans une Europe plurilingue 2 avec son essai de synthèse La littérature théologique et spirituelle du Val d'Aoste 3 • I.:importance de La culture valdòtaine au cours des siècles, que justement Joseph Rivolin a défìni « une pierre milliaire essentielle sur le chemin de la connaissance de notre littérature ... véritable summa de la culture locale» 4, réside toutefois dans le fait que Lin avait parfaitement compris que l'atout le plus important de notre culture ne consistait pas dans son localisme, mais dans sa continuité au fìl cles siècles, dans la présence continue au Val d'Aoste, sous cles visages multiples et sous différentes formes et genres littéraires, de manifestations culturelles francophones, preuve de vitalité culturelle, de passion et de quete intellectuelle, d'aspirations et de reves qui sachent dépasser les frontières. Son effort d'insérer auteurs et mouve– ments littéraires dans un contexte et dans un climat européen, à partir de la littéra– ture courtoise, du gallicanisme pour arriver au Parnasse (Perret) et au Symbolisme (Manzetti), est constant. Son attention aux sources intertextuelles, aux influences cles grands courants de pensée, sa vaste culture dans diverses directions du savoir– il possédait cles connaissances rares, en théologie (les Coptes, l'Église orientale), en philosophie (l'hermétisme), en littérature française (Huysmans) et italienne -, son bilinguisme lui ont permis d' encadrer les phénomènes culturels, les écrivains et les mouvements dans cles réseaux plus vastes. Un vasto respiro, on dirait en italien, un souffie profond, une ame, je crois pouvoir ajouter, parcourt son livre. Lin Colliard savait lire les textes, les classer, mais en meme temps en saisir l'esprit le plus profond, percevoir l'homme ou la femme (Lin n'a pas hésité à donner aux femmes leur part importante dans la littérature du Val d'Aoste, bien avant la nais– sance cles théories gender) qui les a écrits. Il a ainsi su habilement éviter le danger de la liste stérile, du catalogue. Pour chaque auteur il a rédigé un portrait, une vie, dans le sens de Plutarque 5 • Il avait sans doute ses préférés, nous y reviendrons, mais aussi cles alter ego, cles modèles, cles sources avouées ou inconscientes qui ont marqué ses travaux. S'il a reconnu, dans un texte assez récent 6 , ses dettes de recon- 2 In., La littérature théologique et spirituelle du Val d'Aoste, in Réalités et perspectives ftancophones dam une Europe plurilingue, Actes du XlX' colloque de la SUSLLF (Sainr-Vincent, 5-9 mai 1993), R. Gorris éd., Aoste, Imprimerie Valdòtaine, 1994, p. 95-105. 3 Il souligne dans son essai, ibidem, p. l 03, « la portée et la profondeur des phénomènes et des messages spi– rituels, ainsi que leurs aspects culturels ». Lin achève son étude par une page qu'il définit << emblématique >> et tirée d'un texte de Petigat, L'Agonie et Résurrection de jésus, Paris, 1946. 4 J.-G. RrvouN, Écrivains d'histoire au Val d'Aoste, in Réalités etperspectives... cit., p. 117. 5 Sur le geme des Vies, cf. L'auteur à la Renaissance, R. Gorris Camos et A. Vanautgaerden édd., "Nugae humanisticae sub signo Erasmi", n. 6, Turnhout, Brepols, 2009, 612 p. 6 L. COLLIARD, Remerciements, injoumée en l'honneur de Lino Colliard, 15 novembre 2003, Aoste, Université d'Aoste, 2005, p. 35. 62

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